Nouveau nom, nouvelle direction, et un saut dans l'inconnu: La République en marche est officiellement devenue 'Renaissance' samedi et doit trouver son rôle dans un quinquennat sans majorité, avec de rudes discussions à venir entre alliés.
Les militants ont approuvé à 83% la nouvelle direction, à 87% les nouveaux statuts du parti et à 96% le corpus des valeurs élaboré fin août. Quelque 25'000 à 26.000 adhérents 'certifiés' étaient appelés se prononcer. Le parti n'a pas communiqué le nombre d'adhérents ayant pris part à ces trois votes.
'L'unité et le dépassement est ce cap que je veux donner ce soir', a déclaré Emmanuel Macron dans une vidéo diffusée au Carrousel.
'Nous avons su réconcilier tant de femmes et d'hommes qui jusque-là ne travaillaient pas ensemble', et 'c'est unis et rassemblés que nous allons ouvrir un nouveau chapitre de la vie politique de notre pays', a également déclaré le chef de l'État.
Mais 'sans l'unité, les extrêmes l'emporteront', a néanmoins averti Emmanuel Macron, désormais président d'honneur de Renaissance.
Trois piliers
Présente au meeting, Élisabeth Borne a une nouvelle fois plaidé pour le 'dépassement' politique entre la droite et la gauche.
'Je serai là aussi pour assurer l'unité de la majorité' qui 'ne réussira que si elle s'appuie sur ses trois piliers', a également dit la Première ministre, en présence d'Édouard Philippe, président d'Horizons, mais en l'absence du patron du MoDem François Bayrou, pourtant attendu au Carrousel.
Dans un entretien au Parisien, mis en ligne peu avant ce congrès, M. Bayrou s'est dit 'opposé au passage en force' d'une inclusion d'une réforme des retraites dans le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
Cette majorité réussira 'si elle avance d'un bloc et qu'elle fait face ensemble', a insisté Mme Borne samedi, alors que ces alliés ne détiennent à eux trois qu'une majorité relative à l'Assemblée.
Après une session extraordinaire estivale sans grands heurts, le menu d'automne s'annonce compliqué: projets de loi sur l'assurance-chômage, sur les énergies renouvelables et projet de loi d'orientation du ministère de l'Intérieur, avant la grande affaire de la rentrée: le budget.
Gouvernement et majorité semblent déjà se préparer à déclencher l'article 49.3, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf motion de censure. Les débats du PLFSS risquent de s'enflammer si les retraites y figurent.
La présidentielle après 2024
Ancien collaborateur de M. Macron, président du groupe Renaissance au Parlement européen, sans concurrence pour succéder à Stanislas Guerini à la tête du parti, Stéphane Séjourné (37 ans) sera entouré de secrétaire généraux délégués.
Parmi ceux-ci, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire sera en charge des idées, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de la formation.
Il fallait 'mettre vraiment autour de la table tous les prétendants à 2027', explique un cadre de l'ancienne direction.
Les partis Agir et Territoires de Progrès (TDP), des ministres Franck Riester et Olivier Dussopt, auront rang de partis associés dans ce nouvel ensemble. Les instances d'Agir se sont déjà prononcées en ce sens début septembre, selon le parti. Territoires de Progrès tiendra un congrès les 26 et 27 novembre pour confirmer ou non cette association.
Les nouveaux statuts de Renaissance instaurent une cotisation payante, alors qu'En Marche avait revendiqué jusqu'à 400'000 adhérents sans obligation de cotisation. Des scrutins seront organisés pour les représentants locaux, un point attendu dans un parti ayant montré de grandes difficultés à s'implanter au niveau local.
Un Congrès doit être organisé avant novembre 2024, après les élections européennes. Le parti devra alors décider d'un mode de désignation d'un candidat à la présidentielle de 2027, Emmanuel Macron ne pouvant se représenter.
Mais Renaissance devra s'entendre avec Horizons d'Édouard Philippe et le MoDem de François Bayrou. Cette semaine, le maire de Reims Arnaud Robinet (Horizons) a dit souhaiter que M. Philippe se déclare rapidement candidat pour la présidentielle.
C'est une 'question existentielle: si nous ne sommes pas unis en 2027, nous serons battus', a averti M. Séjourné devant les Jeunes avec Macron, également réunis samedi à Paris.
/ATS