La police israélienne a annoncé vendredi l'arrestation de douze personnes soupçonnées d'incendie volontaire à la suite des feux de forêts qui ont balayé ces derniers jours le nord et le centre du pays. Ces feux ont provoqué l'évacuation de 80'000 personnes à Haïfa.
La sécheresse exceptionnelle et un fort vent d'est alimentent ces feux qui ont débuté mardi et se sont propagés depuis sur une moitié du pays. Le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a déclaré que les douze suspects interpellés avaient été appréhendés alors qu'ils tentaient d'allumer un feu ou de fuir une zone incendiée. Il n'a pas fourni d'autres détails.
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a toutefois déclaré qu'ils appartenaient aux 'minorités', par allusion aux Arabes israéliens ou aux Palestiniens. 'La plus grande probabilité est que leur mobile soit nationaliste', a-t-il dit à la radio de l'armée.
Une 'intifada' du feu ?
Le dirigeant d'extrême droite et ministre de l'Education Naftali Bennett a de son côté accusé des 'terroristes nationalistes' d'être à l'origine de ces incendies. Ce terme est employé en Israël pour désigner les Palestiniens.
Les médias israéliens ont commencé à s'interroger sur le déclenchement d'une 'intifada du feu', par référence aux soulèvements populaires palestiniens passés. Equivoque, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a prévenu que tout incendie volontaire serait traité comme un 'acte de terrorisme', sans dire explicitement si c'était le cas de certains feux récents.
'Quand le Premier ministre parle de terrorisme, même s'il n'emploie pas le mot d'Arabes, tout le monde est censé comprendre: (...) 'les Arabes mettent le feu au pays'', éditorialisait le quotidien Yedioth Ahronoth, peu favorable au chef du gouvernement.
Appels aux calme
'Je recommande vivement de ne pas jeter de l'huile sur le feu', a dit pour sa part à la radio publique le chef de file de l'opposition israélienne, Isaac Herzog. 'La situation est moins claire que ne le suggèrent les propos tonitruants' de certains, a-t-il dit.
Les autorités palestiniennes n'ont pas fait de commentaire. Un responsable arabe israélien de Haïfa, Ayman Odeh, a rejeté l'accusation et accusé en retour le gouvernement de tirer parti de la situation pour nourrir la haine contre la minorité arabe.
D'autres leaders de la communauté arabe se sont indignés, faisant valoir que les Arabes israéliens étaient également touchés par les incendies.
Soutien des pompiers palestiniens
Les pompiers continuaient à lutter vendredi contre les flammes sur les collines boisées autour de Jérusalem et dans le nord de l'Etat hébreu, avec le soutien de collègues palestiniens et des équipes de secours venues de Grèce, de Chypre, de Croatie, d'Italie, de Russie et de Turquie.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussi accepté des offres d'assistance de l'Egypte et de la Jordanie. Les Palestiniens eux-mêmes sont venus dans la nuit à la rescousse, envoyant 41 pompiers et huit camions à Haïfa (nord) et à Beit Meir (centre) où, vision hors du commun, les hommes du feu israéliens et palestiniens ont combattu les flammes côte à côte.
Ces incendies de forêt sont les plus graves depuis 2010. Quarante-quatre personnes avaient alors péri dans un gigantesque brasier dans le nord du pays. L'enquête avait conclu à un feu par négligence.
/ATS