L'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant et un homme d'affaires saoudien ont été mis en examen (inculpés) samedi dans une affaire de vente de tableaux, a-t-on appris de source judiciaire. Cette enquête avait été déclenchée après des accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Mais c'est donc bien la vente alléguée de deux tableaux flamands à un avocat malaisien qui vaut à l'ancien bras droit de l'ex-chef de l'Etat d'être mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.
Dans le cadre de son contrôle judiciaire, il ne pourra pas se rendre en Malaisie, ni entrer en contact avec un homme d'affaires saoudien, Khalid Ali Bugshan. Celui-ci a aussi été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.
Interdit de quitter le territoire français et soumis à une caution d'un million d'euros, M. Bugshan est soupçonné d'avoir joué un rôle dans les flux financiers qui ont abouti à un versement de 500'000 euros sur le compte de Claude Guéant. Il aurait en effet versé cette somme à une société malaisienne avant que celle-ci ne vire une somme équivalente sur le compte de Claude Guéant.
'S'expliquer davantage'
'On lui reproche, non pas des faits de corruption liés à ce soi-disant financement libyen de la campagne présidentielle, mais simplement on lui demande de s'expliquer davantage sur la vente des fameux deux tableaux qu'il a acquis il y a près de 22 ans', a expliqué l'avocat de Claude Guéant, Me Philippe Bouchez el-Ghozi.
'On lui demande simplement d'une part de justifier de la réalité de ces tableaux et on lui reproche également une fraude fiscale en n'ayant pas déclaré le revenu de la vente de ces tableaux', a détaillé Me Bouchez el-Ghozi. Selon lui, son client a 'affirmé son innocence avec force et vigueur'.
En lieu et place d'un 'soi-disant financement libyen de la campagne présidentielle, on a un dossier qui se réduit simplement à justifier l'acquisition de deux tableaux il y a 22 ans et de leur réalité et, éventuellement, de leur déclaration fiscale, ce qui somme toute reste quelque chose qui se dégonfle tout à fait dans ce dossier présenté comme faramineux', a commenté l'avocat.
Les accusations d'un financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy ont vu le jour entre les deux tours de la campagne présidentielle de 2012. Le site de journalisme d'investigation 'Mediapart' avait alors publié un document évoquant un accord du régime libyen de Mouammar Kadhafi pour financer M. Sarkozy, dont ce dernier assure qu'il s'agit d'un faux.
/ATS