Agent des services allemands, un politologue soupçonné d'espionnage

Un politologue allemand, membre d'un influent groupe de réflexion, est soupçonné d'espionnage ...
Agent des services allemands, un politologue soupçonné d'espionnage

Agent des services allemands, un politologue soupçonné d'espionnage

Photo: KEYSTONE/AP/MICHAEL SOHN

Un politologue allemand, membre d'un influent groupe de réflexion, est soupçonné d'espionnage entre 2010 et 2019 au profit de la Chine. L'affaire est d'autant plus embarrassante qu'il était de longue date lié aux services de son pays.

Le suspect a été interpellé lundi sur la base d'un mandat d'arrêt émis le 21 juin par le tribunal régional de Munich (sud de l'Allemagne). Il a été placé en détention provisoire mardi après-midi, a annoncé le parquet fédéral.

Ce politologue âgé de 75 ans aurait fourni aux services chinois, en échange 'd'honoraires', des renseignements 'obtenus principalement grâce à ses nombreux contacts politiques de haut niveau', noués dans le cadre du think-tank dont il était un des dirigeants depuis de nombreuses années, selon le parquet fédéral, chargé des affaires d'espionnage.

Le professeur est parvenu à donner à son groupe de réflexion une 'importance internationale' grâce à sa 'réputation scientifique et aux réseaux qu'il a constitués pendant de nombreuses années'. Il aurait été approché par les services chinois lors d'une tournée de conférences en juin 2010 à Shanghaï (Chine).

'Des membres d'un service de renseignement chinois ont contacté le suspect afin de l'inciter à coopérer', décrit le parquet fédéral, basé à Karlsruhe (sud-ouest de l'Allemagne). 'Au cours de la période suivante, jusqu'en novembre 2019, le suspect a régulièrement fourni des informations au service de renseignement chinois avant ou après des visites d'Etat ou des conférences multinationales, ainsi que sur certaines questions d'actualité', détaillent les procureurs.

Agent double

En retour des éléments fournis, 'le suspect a été financé pour se rendre aux réunions avec les officiers de renseignement chinois' et a 'reçu des honoraires'. Cette affaire pourrait s'avérer particulièrement embarrassante pour l'Allemagne: le suspect aurait en effet travaillé depuis une cinquantaine d'années pour le BND, le service fédéral de renseignement allemand, a révélé dans une enquête fouillée la chaîne publique ARD.

Une intrigue d'agent double suffisamment complexe pour que les policiers aient perquisitionné en 2019 le domicile du suspect, avant que l'interpellation intervienne deux ans plus tard. Selon ARD, le politologue aurait en partie confié au BND ses liens avec les services chinois.

Le professeur entretenait depuis une cinquantaine d'années des contacts étroits avec le renseignement allemand, qui le rémunérait comme 'agent de liaison'. Il était un des dirigeants, selon ARD, de l'influente Fondation Hanns-Seidel, affiliée aux conservateurs bavarois de la CSU.

L'Allemagne a été récemment confrontée à une autre affaire d'espionnage, qui concernait cette fois la Russie. La justice allemande avait annoncé le 21 juin l'arrestation sur son territoire d'un scientifique russe travaillant dans une université et soupçonné d'espionnage pour le compte de Moscou.

/ATS
 

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