L'ONU et ses partenaires demandent pour la première fois plus de 50 milliards de dollars pour leur assistance humanitaire en 2023. Ce volume dépasse d'un quart celui pour cette année. Près de 340 millions de personnes ont besoin d'aide dans près de 70 pays, un record.
En un an, ce nombre a progressé de plus de 60 millions. « C'est un chiffre énorme et déprimant », en augmentation permanente depuis 2018, a admis devant la presse le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths qui ne s'attend pas à une amélioration d'ici un an.
La guerre en Ukraine et ses effets ont considérablement affecté la situation pour cette année, sans pour autant détériorer le financement de l'aide dans les autres crises observées. « Je pensais que nous parlerions en 2022 surtout des impacts humanitaires du changement climatique », explique le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.
Selon lui, la sécheresse dans l'Est de l'Afrique constitue « peut-être » le symbole le plus convaincant pour la justice climatique. Or, l'argent climatique n'atteint pas la population de ces pays. Il faut que les humanitaires soient mieux organisés et travaillent ensemble, admet M. Griffiths qui a dirigé cette semaine à Genève une réunion sur cette question. Parmi les problèmes, environ 103 millions de personnes sont déplacées dans le monde.
Dans son appel lancé jeudi, l'ONU souhaite aider 230 millions de personnes en 2023 dans près de 40 situations internationales, avec 51,5 milliards de dollars (près de 50 milliards de francs). « Les besoins humanitaires sont horriblement élevés », déplore M. Griffiths.
Ukraine deuxième sur les demandes
Il souhaite de nouveaux partenariats et de nouvelles approches, notamment le renforcement de l'anticipation des désastres climatiques. Cette année, l'aide en liquidités a également largement augmenté, notamment en Ukraine. « Nous n'avons identifié aucun problème » avec cette assistance, ajoute le chef des affaires humanitaires de l'ONU.
Le Britannique a oeuvré pour obtenir le renouvellement de l'accord sur les exportations de céréales entre l'Ukraine et la Russie. « Ce n'est pas un hasard » que les humanitaires jouent les médiateurs dans cette situation tant les conséquences pourraient être importantes, dit-il.
Il se dit convaincu que cet arrangement pourra être à nouveau prolongé dans quatre mois et peut-être même élargi à de nouveaux ports. « Je n'ai pas de plan B » parce que le monde attend que cet accord soit poursuivi, a insisté M. Griffiths, sans dévoiler quel pourrait être l'appel révisé de l'ONU s'il ne l'est pas. Selon lui, la question des exportations d'engrais, aussi bien depuis la Russie que l'Ukraine, doit être réglée pour éviter des effets importants.
Comme cette année, la Syrie va rester le conflit qui demande le plus de financements, en considérant les réfugiés dans les pays voisins. Elle aura besoin de près de 10 milliards. Avec près de 6 milliards, la crise ukrainienne est deuxième. Arrive ensuite la situation afghane avec 5,3 milliards, mais 4,6 milliards pour ce seul pays qui est à nouveau avec l'appel le plus important.
Menace de famine largement répandue
Malgré l'accord récent de cessez-le-feu entre le gouvernement éthiopien et les séparatistes du Tigré, ce pays sera encore confronté à des difficultés. Avec le manque de pluies à nouveau prévu l'année prochaine et les effets du conflit, la situation va continuer à être difficile, affirme l'ONU.
Parmi le volume demandé, près de 230 millions de personnes dans 53 pays devront faire face à une malnutrition sévère aiguë. Parmi elles, 45 millions sont menacées d'une famine dont les conditions sont déjà observées dans cinq pays.
Cette année, les organisations humanitaires ont pu assister près de 160 millions de personnes parmi plus de 210 millions qu'elles voulaient aider. De la nourriture a été distribuée à près de 130 millions d'entre elles. Le renouvellement de l'accord entre l'Ukraine et la Russie a permis d'approvisionner les marchés alimentaires mondiaux.
Les donateurs ont financé 24 milliards de dollars cette année, mais les besoins augmentent plus rapidement que leur soutien, selon l'ONU. Le décalage avec l'appel lancé, 53%, n'a jamais été aussi important. « Nous pouvons faire beaucoup mieux » avec l'appel de 2023, demande également M. Griffiths. Les organisations humanitaires sont contraintes de décider qui elles doivent cibler avec ce financement.
/ATS