Le président brésilien Jair Bolsonaro a autorisé vendredi la mobilisation de l'armée en Amazonie pour lutter contre les incendies, en réponse à la pression internationale croissante contre le Brésil. La mesure s'applique à partir samedi pour la durée d'un mois.
Le président brésilien Jair Bolsonaro a autorisé vendredi la mobilisation de l'armée en Amazonie pour lutter contre les incendies, en réponse à la pression internationale croissante contre le Brésil. La mesure s'applique à partir samedi pour la durée d'un mois.
Elle autorise les gouverneurs des Etats concernés à mobiliser l'armée pour 'l'identification et la lutte contre les foyers d'incendie', ainsi que pour 'des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux'.
La pression internationale s'est fortement accentuée vendredi sur le président brésilien. Son homologue américain Donald Trump a annoncé avoir proposé l'aide des Etats-Unis. 'Je viens de parler au président Jair Bolsonaro', a tweeté M. Trump, insistant sur leurs bonnes relations. 'Je lui ai dit que si les Etats-Unis pouvaient aider concernant les incendies en Amazonie. Nous étions prêts à la faire!', a-t-il ajouté.
Bolsonaro a menti, dit Macron
De l'autre côté de l'Atlantique, l'Amazonie est devenue 'une priorité' à la veille du G7 de Biarritz. Le président français Emmanuel Macron a accusé M. Bolsonaro d'avoir 'menti' sur ses engagements climatiques et a décidé de s'opposer à l'accord de libre-échange UE-Mercosur.
Le premier ministre britannique Boris Johnson a quant à lui estimé que les incendies constituaient une 'crise internationale', avant le sommet de samedi et dimanche dont devraient sortir des 'initiatives concrètes'.
Le président brésilien a répliqué en accusant sur Twitter son homologue français de vouloir 'fomenter la haine contre le Brésil par simple vanité'. Peu avant, il tweetait: 'Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l'Amazonie'.
La ville de Porto Velho, dans l'Etat amazonien de Rondonia (nord-ouest), était recouverte vendredi d'un fin nuage rougeâtre de fumées, a constaté un journaliste de l'AFP. 'Cette situation n'est pas normale. C'est à cause des feux de forêt', a commenté le réceptionniste d'un hôtel.
A une soixantaine de kilomètres de Porto Velho, d'épais rideaux de fumée grise étaient visibles au-dessus de la végétation tropicale où des flammes dévoraient des arbres. Le spectacle était impressionnant, avec des vents forts attisant la fournaise.
700 nouveaux feux en 24 heures
Le gouverneur de l'Acre, un Etat voisin lui aussi très touché, a décrété une situation d'urgence. Dans le 'poumon de la planète', quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés en 24 heures jeudi, selon les chiffres communiqués vendredi par l'institut national de recherche spatiale (INPE).
L'INPE, dont le patron a été limogé au début août après avoir publié des données sur la déforestation jugées mensongères par Jair Bolsonaro, a indiqué que 76'720 feux de forêt avaient été enregistrés dans le pays de janvier jusqu'au 22 août, soit 85% de plus que sur la même période de l'an dernier. Plus de 52% concernent l'Amazonie.
Des manifestations en défense de l'Amazonie se déroulaient en fin de journée à São Paulo et Rio de Janeiro. D'autres ont eu lieu devant les ambassades et consulats du Brésil dans le monde, à l'appel de nombreuses ONG. Parmi celles-ci le mouvement de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, 'Fridays for Future'.
La Suisse accueille 'avec grande inquiétude' les informations sur les incendies en Amazonie, a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères. Des centaines de personnes ont par ailleurs manifesté devant les représentations du Brésil.
Déforestation
Les feux de forêt, essentiellement dus à la déforestation, aggravée par la saison sèche qui se poursuivra en septembre, ont pris une dimension internationale jeudi: l'ONU et M. Macron ont interpellé vivement Jair Bolsonaro tandis que se multipliaient sur les réseaux sociaux les appels en faveur du 'poumon de la planète'.
Face à la pression, le puissant secteur de l'agro-négoce, gros exportateur au Brésil et jusqu'ici soutien politique actif de Jair Bolsonaro, commençait vendredi toutefois à s'inquiéter sérieusement des répercussions économiques de la montée de tensions avec les partenaires commerciaux de la première puissance économique d'Amérique latine.
Pour l'analyste Thomaz Favaro, Jair Bolsonaro a 'mis de l'huile sur le feu avec ses commentaires (...) sur le rôle des ONG et sur Macron'. 'Il a aggravé le risque de sanctions et de représailles, y compris contre l'accord UE-Mercosur'. Le président brésilien, un climato-sceptique assumé, avait laissé entendre que les ONG sont à l'origine des incendies.
/ATS