Les populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) tout comme la Ligue, d'extrême droite, auteurs de percées historiques aux législatives en Italie, ont chacun revendiqué le droit de gouverner. Ils excluent toute alliance 'eurosceptique' entre eux.
Faute de majorité claire, ce choc électoral ouvre une phase d'incertitude politique dans la troisième économie de la zone euro.
Avec un vote marqué à la fois par le rejet de la vieille classe politique, l'exaspération face au marasme économique et les tensions autour des migrants et de l'Union européenne, l'Italie s'inscrit dans la lignée du Brexit, de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis et de la poussée de l'extrême droite ailleurs en Europe.
Salvini veut gouverner
La coalition de droite est arrivée en tête avec 37% des voix, selon des résultats portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote. Mais en son sein, c'est la formation eurosceptique et anti-immigration du chef de la Ligue Matteo Salvini, proche du Front national (FN) français, qui a largement devancé le parti de Silvio Berlusconi et revendique de diriger le gouvernement.
M. Salvini s'est rendu dans l'après-midi chez le vieux milliardaire. La coalition 'est le vainqueur politique de ces élections. Après cinq ans, elle représente la première force politique du pays' et doit pouvoir appliquer son programme, des baisses d'impôts à la lutte contre l'immigration', a ensuite fait valoir Silvio Berlusconi dans un communiqué.
Percée historique du M5S
Cette perspective est toutefois mise à mal par la percée historique du M5S, qui devient le premier parti du pays avec un score de 32,6%, après une campagne contre la corruption et la 'caste' politique italienne.
'Nous avons la responsabilité de donner un gouvernement' à l'Italie, a assuré son jeune chef de file, Luigi Di Maio, 31 ans.
Euroscepticisme
Le chef de la Ligue a lui aussi assuré qu'il parlerait 'avec tout le monde', mais exclu toute 'majorité étrange' avec le M5S.
Matteo Salvini, 45 ans vendredi, a transformé l'ancienne Ligue du Nord sécessionniste en une formation souverainiste et martelé un discours anti-immigration et défiant à l'égard de Bruxelles, qui semble avoir porté dans un pays qui a vu débarquer près de 700'000 migrants depuis 2013.
Les populistes se réjouissent
A l'étranger, Marine Le Pen, présidente du FN, et Nigel Farage, ex-chef de l'Ukip, parti pro Brexit en Grande-Bretagne, ont félicité M. Salvini.
A Bruxelles, la Commission européenne s'est dite 'confiante' dans la possibilité de former un gouvernement stable.
Renzi démissionne
Mais la possibilité d'une éventuelle grande coalition à l'allemande s'éloigne cependant en raison de la déroute du Parti démocrate (PD, centre gauche) de Matteo Renzi, qui recueille juste 18,7% des voix, très loin des 40% obtenus aux élections européennes de 2014.
C'est d'ailleurs l'ensemble de la gauche qui boit la tasse. Les frondeurs de Liberi e uguali (libres et égaux) sont à peine au-dessus du seuil des 3% nécessaires pour entrer au Parlement.
Matteo Renzi a démissionné lundi dans la foulée de la tête de son parti, précisant toutefois qu'il ne partirait pas avant la formation d'un nouveau gouvernement. Il a plaidé pour un passage dans l'opposition. 'Nous ne formerons jamais un gouvernement avec des forces anti système', a-t-il dit.
/ATS