Donald Trump est devenu vendredi le 45e président des Etats-Unis, en prêtant serment au capitole à Washington. Il succède à Barack Obama. Il a promis dans un discours aux accents populistes d'articuler sa politique autour d'un seul axe: 'l'Amérique d'abord'.
Main gauche sur la bible, main droite levée, le magnat de l'immobilier, porté au pouvoir sur une rhétorique anti-élites, a prêté serment comme l'ont fait avant lui George Washington, Franklin D. Roosevelt ou John F. Kennedy.
'Je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis, et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis', a-t-il déclaré à midi (18h00 suisses), sur les marches du Capitole, cravate rouge et visage grave.
Outre M. Obama, trois ex-présidents étaient sur place: Jimmy Carter, George W. Bush et Bill Clinton. Hillary Clinton, battue lors de l'élection du 8 novembre, était également présente.
Le poing brandi
Dans son discours d'investiture de rupture, il a promis de 'transférer' le pouvoir de Washington vers le peuple. Il a dit que sa présidence va montrer la voie à l'Amérique et au monde 'pour des années'. Il a aussi affirmé qu'à partir de maintenant, ce sera 'l'Amérique d'abord'. M. Trump a aussi énoncé 'deux règles': 'acheter américain, embaucher américain'.
'Ensemble, nous rendrons sa force à l'Amérique. Nous rendrons sa richesse à l'Amérique. Nous rendrons sa fierté à l'Amérique. Nous rendrons sa sécurité à l'Amérique. Et, oui, nous rendrons sa grandeur à l'Amérique', a-t-il conclu. Il a brandi le poing, une image surprenante lors de ce type de cérémonie.
Juste avant lui, c'est le vice-président des Etats-Unis Mike Pence qui avait également prêté serment. A 70 ans, sans la moindre expérience politique, diplomatique ou militaire, M. Trump succède à la tête de la première puissance mondiale au démocrate Barack Obama, 55 ans, sous le regard inquiet des alliés des Etats-Unis, échaudés par ses déclarations tonitruantes, parfois contradictoires.
La cérémonie, suivie en direct par des millions de personnes à travers le monde, a un goût de revanche pour l'homme d'affaires de New York. Son annonce de candidature, en juin 2015, avait été accueillie par des ricanements, chez les républicains comme chez les démocrates.
Contraste avec janvier 2009
Dès avant l'aube, sous un ciel menaçant, des milliers d'Américains s'étaient rassemblés sur le National Mall qui fait face à l'imposant bâtiment. Mais les vues aériennes des immenses pelouses montraient une mobilisation populaire limitée, dans un contraste saisissant avec l'inauguration de Barack Obama, au même endroit, il y a huit ans.
'Tout commence aujourd'hui!', avait lancé Donald Trump dès le lever du jour sur Twitter. 'Le mouvement continue, le travail commence!'. Cela dit, jamais depuis 40 ans un président américain n'avait pris le pouvoir avec un niveau d'impopularité aussi élevé.
Pour cette journée historique, Donald Trump et sa femme Melania ont suivi la même tradition protocolaire que leurs prédécesseurs. Après s'être rendus à l'église St John, ils ont été accueillis pour un thé à la Maison Blanche par Barack et Michelle Obama, en compagnie également du futur vice-président Mike Pence et son épouse, puis ont rejoint le Capitole.
Juste après la cérémonie, Barack Obama a quitté le Capitole en hélicoptère, avant de s'envoler directement vers la Californie pour ses premières vacances d'ex-président. Le nouveau président a lui refait le trajet inverse - Congrès direction Maison Blanche -, prenant la tête de la traditionnelle parade sur Pennsylvania Avenue, où des milliers de personnes étaient rassemblées pour le saluer. Il est sorti trois fois de la limousine.
Heurts et arrestations
Son équipe a aussitôt annoncé pour le début de la semaine prochaine une série de décrets visant à défaire une partie du bilan de son prédécesseur (climat, immigration...) et à ébaucher le sien.
Des manifestations hostiles se sont déroulées jeudi soir à New York, et vendredi matin à Manille devant l'ambassade américaine. D'autres ont eu lieu à Prague, Bruxelles, Berlin ou Londres. Elles ont dans l'ensemble été peu suivies.
A Washington, dans le centre-ville, entre 400 et 500 manifestants faisaient face à la police et aux supporters du milliardaire, aux cris de 'Non à Trump, non au KKK, non aux Etats-Unis fascistes!'. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et une centaine de personnes ont été arrêtées à la suite de heurts.
/ATS