C’est un petit séisme qui a touché le monde du football africain. L’ancien coach de Neuchâtel Xamax a été démis de ses fonctions au début du mois de novembre. Pour RTN, il revient sur cette décision qui découle d’une brouille avec le nouveau ministre des Sports centrafricain.
Raoul Savoy et la République centrafricaine, c’est fini ! L’ancien entraîneur de football de Neuchâtel Xamax a été viré au début du mois de novembre de son poste de sélectionneur. Il dirigeait les Fauves du Bas-Oubangui depuis 2021. Le Sainte-Crix avait récemment prolongé son contrat à la tête de la République centrafricaine et son équipe était encore en lice pour se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Maroc en 2025.
Une fin abrupte
Cette séparation survient après la naissance de tensions grandissantes entre Raoul Savoy et le nouveau ministre des Sports du gouvernement centrafricain, nommé en mars. « Il y a d’abord eu beaucoup de rumeurs autour de mon départ, notamment sur les réseaux sociaux. Finalement mon agent a eu quelqu’un d’officiel, on va dire, qui lui a annoncé que le ministère des Sports avait pris une décision. Toutefois elle ne m’a jamais été notifiée », regrette l’Hispano-Suisse.
Raoul Savoy : « Je n’étais pas surpris car la relation avec le nouveau ministre était particulière. »
Une nouvelle gouvernance hostile
Raoul Savoy ne cache pas que sa relation avec le nouveau ministre des Sports du gouvernement centrafricain Héritier Doneng n’avait rien d’une sinécure. La temporalité de son licenciement laisse pourtant perplexe. Les Fauves du Bas-Oubangui affrontent jeudi le Lesotho et lundi le Gabon et pouvaient encore rêver de disputer la première CAN de leur histoire. « Je savais très bien que si les résultats ne suivaient pas, ça allait être compliqué, mais l’objectif de se qualifier était encore possible. Je suis surpris du timing mais pas de la volonté de changement au sein de la fédération », abonde l’ancien coach de Xamax.
Une ingérence généralisée
Il regrette également que ce genre de pratiques continue d’être en vigueur dans le monde, particulièrement en Afrique comme notamment « Aliou Cissé au Sénégal qui se fait dégager juste avant la trêve internationale par le ministre » ou « les problèmes qui persistent depuis plus d’une année au Cameroun avec la bataille entre le ministère et la fédération ». De quoi faire dire à Raoul Savoy que la lutte contre l’ingérence politique dans le football, une des missions prioritaires de la FIFA, est encore « loin d’être une réalité. »
Des souvenirs à profusions
Malgré cette fin abrupte, Raoul Savoy veut retenir le positif de son aventure centrafricaine. Il se dit fier de son parcours et du travail réalisé avec son staff, composé de Mathieu Bigler, Nicolas Claret, Patrice Sugnaux et Sally Sarr durant ce mandat. Arrivée en 2021, l’habitant de Sainte-Croix a dû composer avec une sélection n’ayant pas un grand vivier de joueurs professionnels et obligé de se déplacer dans d’autres pays pour jouer ses matches à domicile. Malgré ce contexte, la République centrafricaine a failli se qualifier pour la première fois de son histoire à la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. « On avait besoin d’un point contre l’Angola pour se qualifier, mais à la dernière minute de jeu notre gardien s’est raté et on a perdu. C’est un moment ou il y a eu une ferveur incroyable dans le pays. La déception a aussi été très forte. J’ai rarement vu des gens aussi tristes », se remémore Raul Savoy.
« Ce match contre l’Angola, c’est un fort mélange d’émotion. »
Un futur dans la région ?
Désormais au chômage, Raoul Savoy a saisi la FIFA et réclame près de 150'000 francs d'arriérés de salaires au gouvernement centrafricain. Hormis cet aspect juridique, le Saint-Crix ne veut pas rester inactif trop longtemps ! « Il faut rapidement rebondir dans ce métier car c’est un milieu très amnésique. Lorsqu’une porte se ferme, il faut rapidement en ouvrir une autre et j’aimerais revenir en Suisse. Et pourquoi pas proche de chez moi », lâche malicieusement Raoul Savoy. /dpi