C'est LE choc des titans que tout fan de tennis voudrait voir. Rafael Nadal, treize fois couronné Porte d’Auteuil, et le numéro 1 mondial Novak Djokovic s’affrontent ce mardi soir en quart de finale du tournoi de Roland-Garros. L’affiche a de quoi faire saliver. Et pourtant, le spectateur suisse ne pourra pas la regarder sur les chaînes du service public. La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) ne dispose pas des droits de retransmissions pour ces matches en « Night Session » (traduisez en session de nuit) qui démarrent aux alentours de 21h grâce au toit rétractable du court central. « C’est la deuxième année que Roland-Garros propose des matches de nuit. Mais les droits du tournoi, en Europe, sont détenus par Eurosport. La SSR négocie une sous-licence avec Eurosport pour pouvoir diffuser quelques matches, ce que l’on fait puisque toutes les rencontres en journée sont diffusées sur nos antennes. Mais en soirée, Eurosport veut garder pour lui l’exclusivité de ces matches-là. Je le regrette mais je me mets à la place d’Amazon Prime Video (diffuseur exclusif des « Night Session » pour la France) et d’Eurosport qui payent ces droits exclusifs très cher, c’est une évidence de vouloir garder les meilleures affiches pour leurs seuls abonnés », commente Joël Robert, rédacteur en chef adjoint à RTS Sport. En fonction des raccordements et abonnements, les chanceux pourront voir légalement ce match depuis la Suisse via Eurosport Allemagne avec des commentaires en français. En France voisine, il sera visible gratuitement sur les applications de Prime Video, mais pas sur les chaînes du partenaire historique qu'est France Télévisions.
Joël Robert explique pourquoi le service public est évincé des « Night Session »
Une programmation loin de faire l’unanimité, et pas seulement chez les téléspectateurs qui s’étaient habitués à suivre les exploits de leurs vedettes sur les chaînes publiques. Plusieurs joueurs, dont Rafael Nadal, ont confié ne pas être franchement emballés par ces horaires tardifs. Face aux divers mécontentements, la direction du tournoi du Grand Chelem parisien s’est montrée embarrassée, repoussant une conférence de presse alors que la programmation du quart de finale Nadal-Djokovic faisait débat. « Je comprends que Nadal ne soit pas content ! Entre jouer un match à 15h, 17h ou 21h10, ce n’est pas pareil. Imaginons qu’il y ait quatre ou cinq sets entre ces deux hommes, ce qui est plausible, cela peut finir vers 2h ou 3h du matin. Puis conférence de presse, retour à l’hôtel, c’est pratiquement une nuit blanche avant d’enchaîner avec une demi-finale deux jours plus tard ! Mais encore une fois, ce n’est pas l’aspect sportif qui a dicté ce choix, c’est purement économique. Roland-Garros peut vendre deux fois des billets, pour la journée et pour le match du soir, et les droits TV ont explosé pour ces matches en soirée. Les effets sont déjà pervers. Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, ne s’est pas montrée à l’aise par rapport à ce choix. Il y a sans doute une grosse pression d’Amazon pour dire à la directrice : on vous donne beaucoup d’argent, maintenant on choisit le match », décrypte Joël Robert. Quand bien même notre Roger Federer national aurait été concerné par une session de nuit cette année à Roland-Garros, la RTS n'aurait pas eu les droits pour diffuser le match du joueur suisse. Le spectateur suisse échappe au moins à cette terrible déconvenue. /jpi