La directrice de La Pâquerette à Genève écope d'un blâme, selon le rapport de 213 pages réalisé par le professeur Benoît Chappuis sur le fonctionnement de l'institution. Elle continuera à travailler aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) mais plus en lien avec le milieu pénitentiaire.
Mandaté par le conseil d'administration des HUG, le professeur s'est appuyé sur l'audition de 30 personnes pour réaliser l'enquête administrative dirigée contre la directrice de La Pâquerette. Celle-ci est accusée d'avoir laissé la sociothérapeute Adeline accompagner seule un détenu dangereux.
Première constatation du rapport: aucun dysfonctionnement grave n'a été détecté dans le fonctionnement général de La Pâquerette, en particulier des mises en danger de la sécurité publique et du personnel.
Le personnel du centre de sociothérapie était compétent, bien formé et correctement instruit. Il n'existait en revanche pas de procédure ou d'instructions formelles sur les mesures à prendre en cas de difficultés lors de sorties accompagnées.
L'expert évoque ensuite une "certaine radicalisation" des positions de la directrice due à son isolement. Ce "dogmatisme" l'a sans doute conduite à des erreurs d'appréciation. Elle prônait un principe rigide, communément admis: lorsque les sorties étaient autorisées pour un détenu, il fallait considérer que la question de sa dangerosité était réglée.
La question de la conformité de la sortie de Fabrice A. reste indécise. La loi pénale et la loi d'application cantonale ne définissent pas clairement les détails d'une autorisation de sortie.
Mais cette sortie a été organisée de manière inadéquate. L'achat du cure-pied, un objet potentiellement dangereux, aurait dû être soumis à l'appréciation de la directrice, qui aurait dû en informer le Service d'application des peines et mesures (SAPEM).
L'absence de discussion sur le sexe de l'accompagnant apparaît aussi comme une faute de jugement.
Vincent Spira, avocat de la directrice de La Pâquerette, estime que ce rapport réhabilite sa cliente et l'institution. Il écarte en effet les violations de la loi imputées à la directrice, souligne l'avocat, qui précise que sa cliente assume pleinement sa responsabilité.