Le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères Yves Rossier reconnaît que l'initiative anti-immigration de l'UDC, acceptée le 9 février, sera assez compliquée à mettre en oeuvre. Face aux blocages avec Bruxelles, il estime que le dossier croate est la clé pour la reprise du dialogue avec l'UE.
"L'attitude de la Croatie est déterminante (...) On travaille à trouver une solution", déclare Yves Rossier dans une interview diffusée dans plusieurs médias suisses. "Suspendre les négociations est assez simple, mais remettre les choses en marche s'avère beaucoup plus long", affirme-t-il, précisant que "la Commission européenne est aussi d'avis que le dialogue doit reprendre".
Dans la foulée du "oui" des Suisses au texte de l'UDC, le Conseil fédéral avait décidé le 16 février de suspendre l'accord pour l'extension de la libre circulation des personnes à la Croatie. Il estimait ne pas pouvoir le signer sous sa forme actuelle. Bruxelles avait alors gelé les négociations sur la participation suisse aux programmes "Horizon 2020", "Erasmus+" et MEDIA.
Le secrétaire d'Etat s'est rendu à Zagreb la semaine dernière. "On a discuté des attentes des Croates et de toutes les options envisageables", explique-t-il. Les discussions ont permis de "mesurer les problèmes et de voir comment en sortir". Mais il est encore trop tôt pour parler d'une solution, selon lui.
M. Rossier défend la décision du gouvernement de ne pas ratifier l'accord avec la Croatie, qu'il qualifie de "juste". "Dans le protocole, vous avez un engagement ferme de réaliser la libre circulation avec les citoyens croates au bout de dix ans". "Ceux qui pensent qu'il aurait suffi de signer" l'accord "se trompent totalement", lance-t-il.
Concernant les programmes suspendus par Bruxelles, M. Rossier estime que ce serait "un énorme handicap" pour les chercheurs suisses de se retrouver en marge d'"Horizon 2020". La Suisse s'est "imposée comme un siège pilote de la recherche européenne". "Nous avons raté la première échéance. La prochaine fenêtre est autour de septembre". Mais comme pour "Erasmus+" et MEDIA, "il faut d'abord débloquer les chantiers", avertit-il.
L'acceptation de l'initiative anti-immigration est "une hypothèque sur la voie bilatérale". "Il faut s'accommoder maintenant d'une période d'incertitude qui sera assez longue", ajoute le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères.