Ruth Dreifuss plaide pour une dépénalisation de la drogue

Il faut dépénaliser tous les stupéfiants, estime l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, récemment nommée présidente de la Commission consultative genevoise en matière d'addictions. Pour elle, la question centrale est de savoir comment réduire le marché illégal de la drogue.

L'ex-ministre de la santé vient d'être nommée à la tête de cette commission. L'ats s'est fait confirmer l'information parue samedi dans le quotidien "Le Temps". Cet organe, rattaché au Département de la santé, est chargé de conseiller le gouvernement cantonal.

On ne peut dire aujourd'hui en quoi la régulation du marché de la drogue permettrait de réduire le trafic de rue, reconnaît l'ex-ministre dans une interview accordée au journal: "Il faut tester cette solution afin de voir quel effet elle aurait sur les vendeurs et les consommateurs", poursuit-elle.

Le changement de modèle a un double but: réduire le marché illicite du cannabis et développer un système de régulation qui pourrait être appliqué à d'autres stupéfiants.

La socialiste genevoise se dit convaincue, avec la Commission mondiale pour la politique des drogues, qu'il faut mettre fin à la prohibition, car elle crée plus de problèmes que la consommation de stupéfiants elle-même.

Punir ne sert à rien

Il faut aussi changer de cap, parce que "les Etats ne peuvent plus assumer le poids et les coûts de la répression", estime Ruth Dreifuss. Pour elle, punir ne sert à rien. Dans les pays les plus répressifs, "les jeunes entrent dans la vie avec un casier judiciaire, déjà marginalisés et pénalisés sur le marché professionnel".

Les personnes dépendantes doivent être arrachées des mains des organisations criminelles, qu'"il faut priver des 300 milliards de dollars que représente chaque année le marché noir de la drogue". Cela signifie la fin de la prohibition absolue et le contrôle de toutes les substances.

Dépénaliser n'est pas libéraliser

Pour autant, réguler ne signifie pas libéraliser, avertit l'ancienne conseillère fédérale. Comme pour l'alcool et le tabac, des interdits demeurent. Mais la répression menée actuellement est mal dosée, car elle se concentre sur les petits délinquants, constate-t-elle.

/ATS


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