Les observations du spectromètre Rosina de l'Université de Berne, embarqué à bord de la sonde spatiale Rosetta, relancent le débat sur l'origine de l'eau sur Terre. Selon ces résultats publiés mercredi dans la revue "Science", l'eau terrestre ne provient pas de comètes de la famille de jupiter telles que Tchourioumov-Guérassimenko.
Ces travaux réalisés par Kathrin Altwegg, principale responsable de l'instrument Rosina à l'Université de Berne, avec des confrères français, américains et israéliens, ont consisté à mesurer l'empreinte chimique de la vapeur d'eau de la comète "Tchouri". Soit le rapport isotopique Deutérium/Hydrogène (D/H), qui permet de déterminer où dans le système solaire le corps céleste a été formé et de comparer ce chiffre avec le rapport D/H des océans terrestres.
Résultats: le D/H de l'eau de "Tchouri" est trois fois plus élevé que celui mesuré sur Terre, et même une des valeurs les plus élevées jamais mesurées dans le système solaire, a indiqué l'Université de Berne devant la presse. Il est donc "fortement improbable" que des comètes du type de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko soient la source de l'eau terrestre.
Selon Mme Altwegg, il est plus vraisemblable que des astéroïdes, plus proches de l'orbite terrestre, aient livré l'eau de la Terre, ou que celle-ci ait pu conserver une partie de son eau originelle dans les roches et aux pôles. Voire les deux à la fois, les astéroïdes ne constituant qu'une source partielle. Le débat n'est donc pas clos.
La sonde Rosetta, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de kilomètres, accompagnera la comète au moins jusqu'à son passage au plus près du Soleil, en août 2015. En novembre, elle avait largué sur "Tchouri" le robot-laboratoire Philae, une première dans l'exploration spatiale. Rosetta a également été la première sonde à se mettre en orbite autour d'une comète.
D'un coût total de 1,3 milliard d'euros, la mission Rosetta a mobilisé environ 2000 personnes depuis vingt ans.