Pas moins de deux jours après le veto de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) au renvoi inconditionnel d'une famille de requérants afghans de Suisse vers l'Italie, la conseillère fédérale, Simonetta Sommaruga évoque les "lacunes de protection du système de Dublin". Elle appelle à l'établissement d'un plan d'action.
"Nous continuons d'analyser le jugement", a déclaré jeudi à Berne la ministre de la Justice lors de la journée annuelle de la Commission fédérale pour les questions de migration (CFM). Elle s'exprimait sur la décision de la CEDH prise mardi.
Certains pays ne suivent pas le Règlement Dublin, et "collaborer s'avère difficile", a relevé Mme Sommaruga, soulignant qu'il ne fallait pas surestimer le jugement rendu. Si le système de Dublin n'est pas fondamentalement remis en cause par ce jugement , la ministre rappelle que "cet accord a toujours été lacunaire et qu'il le sera toujours".
Néanmoins, elle estime qu'aucune alternative n'est valable. "L'Europe ainsi que la Commission européenne doivent continuer de procéder à des améliorations du système", a indiqué la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP).
La situation des réfugiés en Europe s'avèrant difficile à gérer, Mme Sommaruga exige "un plan d'action pour soulager les Etats à une époque où le nombre de réfugiés est exceptionnel".
Dans le journal "Le Temps", Etienne Piguet, vice-président de la CFM, explique pour sa part qu'"à l'échelle mondiale, l'Allemagne, la France, la Suède, l'Italie et la Suisse se classent parmi les dix premiers pays d'accueil, enregistrant chacun au total "plus de 20'000 demandes par année"..
M. Piguet insiste en outre sur la disparité entre les pays de l'UE: "L'Espagne, la Finlande, le Portugal ou la Roumanie reçoivent moins de 5000 demandes", par an chacun.
Une disparité que la conseillère fédérale a également relevé avant de poursuivre sur le besoin de trouver un équilibre. Selon elle, un modèle de redistribution est envisageable sur le long terme, mais "cela prendra des années".
"On peut imaginer pour répondre à ce problème, une agence européenne de l'asile, une sorte de Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avec des pouvoirs élargis", propose M. Piguet.