Un détenu coupable d'un double meurtre et connu en Suisse alémanique sous le nom de "Uzi Killer" ne bénéficiera pas, du moins prochainement, de congés accompagnés. Le Tribunal fédéral a rappelé à l'ordre le tribunal administratif argovien et exige une évaluation plus approfondie de la situation.
En juillet 1993, l'homme âgé aujourd'hui de 46 ans a abattu un pêcheur sur les rives de la Reuss près de Mellingen (AG) car il avait besoin de sa voiture pour un brigandage. En janvier 1994, il a tué avec sa mitraillette Uzi la gérante d'un magasin Volg à Schneisingen (AG). Ces deux meurtres d'une extrême brutalité étaient liés à la toxicomanie de leur auteur.
En 1998, la justice argovienne a condamné l'homme à la réclusion à perpétuité pour les deux meurtres et d'autres délits. En mai dernier, le tribunal administratif d'Argovie lui a autorisé quatre "sorties humanitaires" accompagnées par année, d'une durée chacune de cinq heures maximum.
Cette décision était assortie d'une série de conditions, à savoir un accompagnement assuré par au moins deux hommes, dont un formé dans un service de sécurité.
Le Ministère public cantonal a fait recours et obtenu gain de cause auprès du Tribunal fédéral. L'affaire est renvoyée au Tribunal administratif argovien. Le Ministère public cantonal a critiqué l'expertise sur laquelle s'était fondée la justice argovienne pour autoriser ces sorties.
Selon cette expertise, basée sur un entretien de cinq heures, l'auteur ne devrait plus présenter de dérangements psychiques et représenter un danger minime. Mais pour le Ministère public cantonal, cette conclusion est diamétralement opposée à des évaluations antérieures.
Le Tribunal fédéral rappelle tout d'abord que les sorties ne peuvent être accordées que lorsque plus aucun danger ne subsiste. Or l'évaluation pose justement problème dans le cas de cet homme, car la méthode suivie ne donne pas entièrement satisfaction.