Le président du CICR critique une bureaucratie paralysante

Le président du CICR Peter Maurer a critiqué les lourdeurs bureaucratiques qui freinent l'aide humanitaire. Les rapports que personne ne lit s'empilent au détriment de l'action sur le terrain, a-t-il déploré lors d'un débat à Genève.

Peter Maurer a indiqué que l'aide humanitaire allait continuer à croître ces prochaines années: les conflits perdurent en l'absence de solution politique, et s'y ajoutent des catastrophes naturelles plus fréquentes. Plus d'argent est investi dans ce secteur où les acteurs sont de plus en plus nombreux. Il en résulte davantage de problèmes de coordination et de bureaucratie.

"Il faut obtenir des résultats pour les bénéficiaires de l'aide, pas des tâches pour des bureaucrates. C'est le grand danger des discussions sur la coordination de l'aide", a déclaré M. Maurer.

Demandes excessives

Si la demande des donateurs de surveiller comment l'argent est dépensé est légitime, elle peut devenir excessive. Peter Maurer a cité l'exemple d'un pays donateur non précisé pour lequel il fallait consacrer 400 heures de travail en 2008 pour justifier une dépense de 70 millions; cinq ans plus tard, en 2013, 1600 heures de travail pour les mêmes 70 millions ont été nécessaires, soit un poste de travail pendant un an.

"La machine bureaucratique s'auto-alimente et les séances de coordination président sur le vide", a affirmé le président du CICR. L'accumulation des rapports demandés aux agences de développement et humanitaires est, selon lui, un problème de nature politique. Il doit être réglé par les gouvernements donateurs.

Système plus lent

Une position partagée par le directeur général de la section suisse de Médecins sans frontières (MSF). "La bureaucratisation de l'aide rend le système moins réactif, plus lent à répondre aux besoins. Elle freine une action rapide", a affirmé Bruno Jochum.

Il a relevé que les règles de sécurité respectées par l'ONU et la longueur des évaluations retardent souvent un déploiement rapide, sauf dans les cas de castastrophes naturelles de grande ampleur. Les demandes des Etats donateurs de rendre des comptes nuisent à la flexibilité de l'aide.

/ATS


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