Le Parlement peut empoigner le sujet très émotionnel du diagnostic préimplantatoire. Le Conseil fédéral lui a transmis vendredi un projet qui lève l'interdiction pour les couples risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant, mais à des conditions très strictes.
Le peuple aura le dernier mot, une modification de la constitution étant nécessaire. A l'heure actuelle, les couples porteurs d'une maladie héréditaire grave ne peuvent détecter sa transmission que pendant une grossesse, ce qui conduit souvent à un avortement.
Le Conseil fédéral veut leur permettre de dépister les éventuelles anomalies sur un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus. "La majorité des personnes s'étant exprimées sur le projet lors de la consultation y sont favorables. Mais la pratique doit être très clairement encadrée", a relevé le ministre de la santé Alain Berset devant la presse.
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) ne pourra être effectué que s'il est impossible d'écarter autrement le danger concret que l'enfant soit porteur d'une prédisposition génétique à une maladie grave, dont la présence est avérée chez les parents.
Pas pour la trisomie
Pas question d'y recourir pour un dépistage préventif général servant à éviter des anomalies génétiques pouvant survenir spontanément, comme la trisomie 21. Le DPI sera aussi exclu pour sélectionner des "bébés-médicaments", à savoir un embryon à même de faire par la suite un don de tissus ou de cellules à un frère ou une soeur malade. Le diagnostic ne serait ainsi qu'accessible qu'à 50 à 100 couples par an et la décision reviendra au médecin.
Ne pourront entrer en ligne de de compte que les maladies graves surgissant avant l'âge de 50 ans, ne pouvant être soignées efficacement et présentant une charge intolérable pour les parents. Pour pouvoir juger cette dernière, le Conseil fédéral a préféré définir des critères qu'établir une liste de maladies.
Huit embryons pour le DPI
Huit embryons devraient pouvoir être développés par cycle de traitement en cas de procréation médicalement assistée avec diagnostic préimplantatoire. Aujourd'hui, tous les embryons viables (jusqu'à trois) doivent être implantés.
A l'avenir, toutes les femmes qui recourent à une FIV, devraient pouvoir se faire implanter un seul embryon et congeler les autres en vue de nouvelles tentatives de grossesse, ce qui devrait réduire le nombre de grossesses multiples. Entre 5900 et 6500 couples par an se tournent vers la fécondation in vitro.