L'aide au développement ne fera pas les frais des largesses du Parlement à l'égard des paysans. A deux contre un, le National a refusé mardi un coup de canif de 99 millions de francs dans le cadre du budget 2015 de la Confédération. Une telle proposition ne devrait pas non plus trouver de soutien au Conseil des Etats.
L'UDC a eu encore moins de succès en proposant de raboter 25 millions supplémentaires. Il ne s'agit pas d'économiser mais simplement d'en rester aux montants libérés en 2014, s'est défendu en vain Pirmin Schwander (UDC/SZ). La collaboration internationale affiche la plus forte progression proportionnelle de dépenses.
Mais il s'agit de la conséquence d'une décision du Parlement, ont fait valoir les représentants de la gauche et d'une large majorité du centre-droit. La remettre en cause porterait atteinte à la crédibilité de notre pays sur la scène internationale, a critiqué Jean-Paul Gschwind (PDC/JU).
La gauche n'a pas seulement contesté les coupes. Elle aurait même souhaité allonger la facture de 27,5 millions afin de porter l'enveloppe globale à 0,5% du revenu national brut, soit l'objectif défini par les Chambres fédérales. Avec les montants proposés par le Conseil fédéral et acceptés par le National, on n'arrive qu'à 0,495%.
Le budget proposé par le Conseil fédéral prévoit certes un excédent de 514 millions de francs (auxquels il faudra ajouter 139 millions de recettes extraordinaires), sur un total de dépenses de 67 milliards. Mais pour arriver à ce résultat et respecter le principe du frein à l'endettement, le gouvernement propose quelque 700 millions d'économies, en partie dans l'agriculture.
Si on ne reprend pas une partie du programme de "consolidation" à ce stade, on devra affronter des problèmes dès 2016, s'est défendue la ministre Eveline Widmer-Schlumpf. Certaines "économies" n'en sont en outre pas vraiment. Il s'agit en fait d'une adaptation du renchérissement, qui est régulièrement plus faible que prévu, a-t-elle précisé.
La grande argentière n'a toutefois pas convaincu. Les défenseurs des paysans se sont relayés pour dénoncer les coupes de 130 millions qu'ils devraient affronter alors que la réforme des paiements directs les met déjà dans l'embarras.