Alors que partisans et opposants à la caisse maladie unique affûtent déjà leurs armes en vue de la votation populaire en 2014, le Parlement campe sur ses positions. La majorité de droite du Conseil des Etats a dit "non" lundi à l'initiative de la gauche. Le National devrait suivre.
L'initiative populaire "pour une caisse publique d'assurance maladie" prévoit le lancement d'une institution nationale avec des agences cantonales qui établiront les primes et les encaisseront. Une prime uniforme serait fixée pour chaque canton.
La Confédération, les cantons, les assurés et les fournisseurs de prestations (notamment les hôpitaux et les médecins) seraient représentés au sein de l'institution, qui s'occuperait de l'assurance de base. Par 28 voix contre 13, les sénateurs ont appelé à rejeter ce texte.
Pour la droite, le système actuel de concurrence a fait ses preuves pour gérer un marché de quelque 26 milliards de francs. Tout au plus faudra-t-il procéder à des ajustements via la loi sur la surveillance de l'assurance maladie ou l'affinement de la compensation des risques.
Mais pas question de s'engager dans une vaste réforme. Sa mise en oeuvre coûtera quelque 1,5 milliard de francs et elle enlèvera le droit aux assurés de changer d'assureur s'ils ne sont pas contents des prestations offertes, a affirmé Urs Schwaller (PDC/FR).
Une caisse unique ne pourra pas régler le problème de l'augmentation des primes, qui est lié aux soins. Elle pourra uniquement économiser à hauteur de 80 millions dans les frais administratifs et de marketing, a-t-il affirmé, tout en prédisant des hausses de primes dans les régions périphériques.
Karin Keller-Sutter (PLR/SG) s'est étonnée qu'une grande structure unique qui pourrait tout entraîner dans sa faillite puisse être soutenue. La Suisse s'est engagée dans un chemin totalement opposé dans le domaine bancaire.
L'innovation y laissera des plumes, a enchaîné Alex Kuprecht (UDC/SZ).
Pour la gauche, le système actuel avec 61 caisses n'est qu'une fuite en avant incontrôlable. L'assurance de base n'est pas un bien comme les autres et une concurrence ne peut être maintenue sur des prestations devant être les mêmes pour tous.
Et pourtant, chaque automne, les assureurs dépensent plus de 200 millions de francs pour attirer des assurés, a souligné Paul Rechsteiner (PS/SG). Ils chassent les bons risques et il faut développer un système de compensation, dont il n'y aura plus besoin avec une caisse unique. L'initiative pourrait bien compter sur quelques soutiens bourgeois.