La Suisse devrait autoriser les couples risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant à recourir au diagnostic préimplantatoire. Par 30 voix contre 3, le Conseil des Etats a accepté de lever l'interdiction actuelle. Mais il a opté pour un régime strict, excluant le dépistage de la trisomie 21 ou les "bébés sauveurs". Le peuple aura le dernier mot.
A l'heure actuelle, les couples porteurs d'une maladie héréditaire grave ne peuvent détecter sa transmission que pendant une grossesse, ce qui conduit souvent à un avortement. A l'avenir, ils devraient pouvoir passer par un diagnostic préimplantatoire, une technique permettant d'analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus pour y dépister d'éventuelles anomalies.
La Suisse a aujourd'hui une des réglementations les plus strictes d'Europe en matière de procréation assistée. Nombre de couples sont obligés de se rendre à l'étranger pour procéder à des fécondations in vitro (FIV) dans des conditions plus souples, a souligné Felix Gutzwiller (PLR/ZH) au nom de la commission.
Pour lever l'interdiction du diagnostic préimplantatoire, une modification de la Constitution s'impose. Le peuple pourra donc se prononcer. Et face au couperet du vote et aux considérations éthiques, la Chambre des cantons a choisi la voie de la prudence.
Une minorité conservatrice a tenté en vain de mettre un terme à la discussion avant même le scrutin. "Il n'y a pas de droit à un enfant en bonne santé", a lancé ainsi Brigitte Häberli-Koller (PDC/TG). Certes, mais il vaut mieux procéder à un examen médical in vitro et éviter d'implanter un embryon malade plutôt que de procéder à une interruption de grossesse , ont rétorqué nombre d'orateurs.
Au nom du risque des dérives eugéniques, la majorité s'est alignée sur les conditions draconiennes fixées par le gouvernement. Ainsi, le diagnostic préimplantatoire serait pratiqué seulement s'il est impossible d'écarter autrement le danger concret que l'enfant soit porteur d'une prédisposition génétique à une maladie grave, dont la présence est avérée chez les parents.
Par 22 voix contre 18, le conseil a écarté un modèle plus libéral, ouvrant le diagnostic préimplantatoire à tous les couples ayant recours à une FIV. Pas question non plus d'admettre le dépistage des mutations du nombre des chromosomes, comme la trisomie 21.