Les effets négatifs de la libre circulation, comme la sous-enchère salariale, sont restés très limités en Suisse depuis 2002. Le marché helvétique du travail a fait preuve d'une bonne capacité d'absorption, estime le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). La crainte d'une augmentation disproportionnée du nombre de rentiers AI étrangers ne s'est pas confirmée.
L'accord sur la libre circulation des personnes conclu entre la Suisse et l'Union européenne (UE) a permis aux entreprises suisses de recruter de la main-d'oeuvre dans l'espace UE/AELE (Association européenne de libre-échange). En onze ans, il a largement contribué à la croissance économique de la Suisse.
La crise en Europe a influencé la composition de l'immigration ces deux dernières années. Alors que l'arrivée de personnes du Sud et de l'Est a augmenté, le nombre de migrants allemands a nettement reculé.
Entre 2002 et 2012, l'immigration nette en Suisse s'est élevée à 63'300 personnes par an. Parmi elles, 38'400 venaient de l'UE/AELE (16'300 ressortissants allemands, 7500 portugais). Dans les années 1991 à 2001, le solde migratoire en Suisse était de 26'400 personnes par an, venant presque exclusivement de pays hors UE/AELE.
Pic en 2008
Suite à une période de haute conjoncture qui a duré plusieurs années, l'immigration nette en Suisse a atteint un pic en 2008 avec 90'000 personnes. Au lendemain de la crise financière de 2009, le solde migratoire a affiché un net recul avant de repartir à la hausse dans la foulée de la reprise économique en 2010 et 2011.
Selon le SECO, entre 2002 et 2012, le nombre de personnes actives a augmenté de 565'000 personnes. Une moitié de cette augmentation est attribuable à des citoyens suisses et des étrangers non établis, l'autre moitié à des titulaires d'une autorisation à l'année ou de courte durée et aux frontaliers.
Immigration hautement qualifiée
Les personnes actives immigrées de l'UE/AELE étaient pour la plupart hautement qualifiées: 53 % disposaient d'une formation tertiaire. Ce taux est de 34 % chez les personnes actives en Suisse.
Pas aux dépens de la population résidente
La forte immigration n'a provoqué aucun effet général d'éviction de travailleurs indigènes au profit de travailleurs immigrés. La libre circulation a induit une augmentation du chômage de 0,2 % chez les personnes nées en Suisse et hautement qualifiées.
Les mesures d'accompagnement se révèlent efficaces pour lutter contre d'éventuels phénomènes négatifs liés à la libre circulation , note le SECO. Elles ont largement contribué à éviter une baisse des bas salaires. Les salaires n'ont pas non plus baissé dans les zones frontalières.
Pour les syndicats, les effets de la libre circulation sont moins roses que dans le bilan présenté par le SECO. Il contredit ce que vit chaque jour la population, en particulier dans les régions frontalières, estime Travail.Suisse. Pour l'USS, l'évolution des salaires dans les branches sans protection est inquiétante.