Suivant le Conseil des Etats, le National a rejeté mercredi par 124 voix contre 61 l'initiative pour une caisse unique d'assurance maladie. La majorité de droite a brandi le spectre de la perte des libertés individuelles, la gauche a plaidé en vain pour une simplification du système actuel. Le dernier mot reviendra au peuple.
L'initiative populaire "pour une caisse publique d'assurance maladie" de la gauche prévoit la création d'une institution nationale avec des agences cantonales qui établiront les primes et les encaisseront. Une prime uniforme serait fixée pour chaque canton.
La Confédération, les cantons, les assurés et les fournisseurs de prestations (notamment les hôpitaux et les médecins) seraient représentés au sein de l'institution, qui s'occuperait de l'assurance de base.
Opter pour une caisse unique, c'est enlever le libre choix du médecin et de l'hôpital aux patients, ont déclaré beaucoup d'orateurs bourgeois, à l'instar de Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG). "C'est n'avoir ni Migros ni Coop, mais un seul magasin, avec un seul yogourt à un seul prix", a illustré Hansjörg Walter (UDC/TG).
Pourquoi étatiser un système qui satisfait 90% des assurés, s'est demandé Ruth Humbel (PDC/AG). Si un assuré n'est pas content, il peut changer de caisse, a rappelé Bruno Pezzatti (PLR/ZG). Plusieurs orateurs ont dénoncé les démarchages téléphoniques, mais selon la droite, ces appels exaspérants qui n'auraient plus lieu avec la caisse unique ne justifient nullement un changement de système aussi radical.
Pour le camp bourgeois, la caisse unique vise avant tout à réduire les frais administratifs actuels des caisses maladie. Or ceux-ci sont en recul et ne représentent qu'environ 5% des primes, a précisé Laurent Favre (PLR/NE). Inutile à ses yeux d'appliquer un remède de cheval à la loi sur l'assurance maladie.
Le Parlement a exigé un traitement rapide de l'initiative, sans contre-projet, et une votation populaire le plus tôt possible. Le camp bourgeois craint en effet un scrutin à l'orée des élections fédérales de 2015, car il offrirait une tribune de choix à la gauche.
Le Conseil des Etats a dit non à l'initiative en décembre par 28 voix contre 13.