L'accès au marché européen va devenir nettement plus difficile pour les acteurs du secteur financier helvétique après le "oui" à l'initiative contre l'immigration de masse. Le secrétaire d'Etat aux questions financières internationales Jacques de Watteville ne se fait pas d'illusions. Pour la Suisse, il ne sera pas aisé de trouver des alliés.
"Sans libre circulation des personnes, il n'y a pas de libre circulation des services". Lors d'une rencontre en Italie la semaine dernière, Jacques de Watteville s'est vu asséner cette phrase, a-t-il relaté lundi lors d'une conférence de presse à Berne.
Le secrétaire d'Etat estime qu'il est important de trouver une solution avec l'Union européenne (UE) pour garantir l'accès aux marchés, gage de prospérité pour la place financière suisse. Mais après le scrutin du 9 février, la tâche est devenue "plus ardue", a-t-il admis.
Contrairement à ce que "certains pensent", la Suisse ne peut pas vraiment faire pression sur Bruxelles en mettant en cause les négociations sur la fiscalité de l'épargne ou l'imposition des entreprises. "L'UE sait que la Suisse va devoir passer à l'échange automatique d'informations en matière fiscale, par le biais des standards de l'OCDE; au pire des cas, elle peut donc attendre", a lancé M. de Watteville.
Les pourparlers se poursuivent, "même s'ils n'ont plus la même signification": la fiscalité de l'épargne deviendra "obsolète d'ici quelques années", nouvelles normes internationales obligent. Le secrétaire d'Etat se rendra à Bruxelles la semaine prochaine.
La situation est semblable en matière d'imposition des entreprises. En principe, les discussions avec l'UE devraient être terminées d'ici juin. Mais dans ce cas aussi, la pression à l'encontre des régimes fiscaux accordés par certains cantons va s'accroître au niveau international et devra être réglée dans le cadre de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE).
Même si l'acceptation de l'initiative populaire de l'UDC concerne davantage d'autres départements, celui des finances est touché indirectement. Si le secteur bancaire ne parvient pas à obtenir les experts financiers hautement spécialisés dont il a besoin faute de libre circulation des personnes, il risque de procéder à des délocalisations, a estimé M. de Watteville.