Fourmis: les conditions environnementales influencent les castes

Des chercheurs lausannois sont parvenus à démontrer que chez les fourmis, les conditions environnementales subies par la reine influencent la génération suivante. En plongeant la reine en hibernation artificielle, ils ont pu en manipuler la descendance.

C'est un des mystères du monde des insectes: on ignore encore comment des oeufs ayant le même patrimoine génétique peuvent produire des individus aussi différents qu'une reine fertile ou des ouvrières stériles. Jusqu'ici, on partait du principe que comme chez les abeilles, c'est la nourriture qui fait la différence.

L'équipe de Romain Libbrecht, de l'Université de Lausanne, vient de montrer que les conditions environnementales ont une influence. Ils ont constaté que les reines de la fourmi moissonneuse américaine Pogonomyrmex rugosus ne produisent de nouvelles reines que lorsqu'elles ont hiberné.

Pour ce faire, ils ont plongé des reines en hibernation artificielle et administré à d'autres une hormone simulant l'hibernation. La proportion de reines et d'ouvrières a ainsi pu être influencée artificiellement, écrivent les scientifiques dans la revue "Proceedings of the National Academy of Sciences" (PNAS).

L'hibernation stimule en effet chez la reine la production d'une hormone qui influence la réserve de nourriture placée dans les oeufs. Les oeufs riches en nourriture produisent des reines, les autres des ouvrières.

Probable chez l'homme

"Nous avons pu pour la première fois mettre en évidence chez des insectes la cascade de signaux par laquelle les conditions environnementales sont transmises à la génération suivante", a expliqué à l'ats le directeur de l'étude Laurent Keller. "L'environnement dans lequel vit la mère influence ses jeunes".

Les effets environnementaux sur la prochaine génération - sans passer par l'information génétique - sont une découverte récente et révolutionnaire de la biologie de l'évolution. Selon le Pr Keller, "il est vraisemblable que de tels effets maternels existent chez tous les organismes", y compris l'homme.

Des chercheurs autrichiens et hollandais ont en effet montré récemment que les enfants de mères ayant eu faim pendant la grossesse ont un risque plus élevé de diabète une fois âgés. Ils ont pour ce faire étudié les données de patients diabétiques nés durant des années de famine.

/SERVICE


Actualisé le

 

Actualités suivantes

Articles les plus lus