On est un "bon Suisse" même si on ne sait pas chanter l'hymne national, la démocratie helvétique est un exemple, l'Islam est plus mal vu et la moitié des Suisses a au moins un grand-parent d'origine étrangère. Cinquante ans après le questionnaire Gulliver d'Expo 64, les artistes alémaniques Com&Com sondent l'identité des Suisses.
Dans un sondage représentatif et réalisé auprès de 1000 personnes dans les trois principales régions linguistiques de Suisse, le duo alémanique et la Fondation Festival de la Cité Lausanne scrutent les craintes, valeurs et références actuelles des Suisses.
Qu'on se rassure: en général, le Suisse se considère heureux (76%) et en cas de coup dur, il peut surtout compter sur sa famille (75,8%), ses amis (62,8%) ou son partenaire (54,5%). Pour lui, le franc suisse et les CFF sont encore fiables, au contraire d'UBS, décrit l'enquête publiée mardi et réalisée par le bureau d'analyse management tools.
La définition du "bon Suisse" est accommodante. Même si on ne sait qu'une langue nationale, si on est naturalisé, on ne sait pas l'hymne national, on n'a pas fait son service militaire ou qu'on ne se lève qu'à 9h00 du matin, on reste un "bon Suisse". La majorité des sondés (64%) refuse par contre ce statut à ceux qui ne vont jamais voter. Pour 43% des personnes, quelqu'un vivant de l'aide sociale n'est pas non plus un "bon Suisse".
Ils sont 91% à estimer que la Suisse est un exemple pour les autres pays pour sa démocratie, sa neutralité (90,6%), son plurilinguisme (90,3%) et sa propreté (88,8%).
Le Röstigraben n'existe pas pour 22% des interviewés. Pour ceux qui croient en son existence, il pourrait être supprimé notamment en enseignant davantage les langues nationales à l'école (38,9%) et en accordant plus de poids au Tessin et à la Suisse romande au sein de la Confédération (25%).
Les thèmes de société sont également questionnés. Le rejet de l'Union européenne transparaît très clairement, à un écrasant 85%. La crainte de basculer dans la pauvreté et le souci des aînés également.
La relation aux étrangers est complexe et ambiguë. Un peu plus de la moitié des Suisses a au moins un grand-parent d'origine étrangère, et parmi eux, 22% ne possède aucun aïeul helvétique. Les Suisses sont "plutôt d'accord" sur la contribution des étrangers au succès du modèle suisse. Mais ils rejettent à 75% l'obligation pour une commune d'abriter un centre d'accueil pour requérants d'asile.
L'Islam en particulier souffre d'une image négative. Près de 85% des personnes interrogées estiment que c'est une religion qui opprime les femmes et 64% que le Coran est moins tolérant que la Bible. La religion de Mahomet n'est compatible avec la démocratie que pour 21% d'entre eux.