La votation du 24 novembre sur la question jurassienne arrive encore trop tôt, estime Andreas Gross. Le conseiller national (PS/ZH) domicilié à Saint-Ursanne (JU) critique également le manque de créativité des Jurassiens du nord lors de la création de leur canton, et qui ne fait pas envie au sud.
Ce qu'on a fait du nouveau canton après 1979 mérite "réflexion et discussion", estime vendredi Andreas Gross dans une interview au quotidien "Le Temps". Afin de gagner, Roland Béguelin, l'un des pères de la lutte pour l'indépendance jurassienne, a fait des citoyens des soldats. "Mais les soldats n'ont pas été préparés à bien vivre la liberté acquise, à exprimer leur créativité et leur fantaisie".
Ils ne sont pas parvenus à faire du Jura un canton qui "attire l'attention et l'intérêt des Suisses, et particulièrement du sud par son originalité", reproche le conseiller national, qui dit avoir été un ami de Roland Béguelin.
Ce manque d'espace laissé à la créativité se retrouve dans l'image du puzzle choisie par les partisans du "oui". "C'est une erreur conceptuelle grave", juge-t-il. Le processus qui pourrait débuter le 24 novembre serait bien plus innovant et mouvant que la recomposition d'un puzzle, puisque ce dernier a un cadre et chaque pièce une place déterminée.
Concernant cette votation, Andreas Gross la juge encore trop prématurée, même si elle se déroule près de 40 ans après les plébiscites. "Beaucoup de gens redoutent de se lancer dans un débat ouvert, désinhibé des violences du passé".
Et de critiquer l'attitude des autorités qui ne discutent pas assez avec la population, notamment sur la votation sur la Question jurassienne. Aucun des gouvernements concernés n'a cherché à susciter un dialogue lors de tables rondes dans chaque commune du nord et du sud, regrette le politicien zurichois.