Amnesty en campagne contre la torture

Amnesty International (AI) accuse des gouvernements du monde entier de ne pas tenir leurs engagements en ce qui concerne l'élimination de la torture. Elle appelle la Suisse à s'engager de manière encore plus forte pour l'abolition de cette pratique.

"Dans le monde entier des gouvernements font preuve d'hypocrisie face à la torture. Ils l'interdisent à travers la législation mais l'encouragent dans la pratique", a déclaré lundi Manon Schick, directrice de la section suisse d'AI, lors du lancement à Berne de la campagne mondiale "Stop Torture".

Au cours de ces cinq dernières années, Amnesty International a signalé des cas de torture et d'autres mauvais traitements dans 141 pays de toutes les régions du monde, alors même que 155 Etats ont ratifié la Convention contre la torture de l'ONU en 1984, a indiqué l'ONG dans un communiqué.

Engagement à respecter

Lancée mardi, la campagne qui durera deux ans veut "que les engagements pris dans cette Convention soient respectés", a expliqué Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International, dans l'introduction au rapport sur lequel se base la campagne.

"La torture est en augmentation dans de nombreux pays à travers le monde", a dit Manon Schick. Et les gouvernements dépensent plus d'énergie à cacher et à taire ces agissements plutôt qu'à les combattre, a noté Patrick Walder, responsable de la campagne "Faire cesser la torture" à AI Suisse.

L'ONG dénonce notamment le mauvais exemple des Etats-Unis et de leur "lutte contre le terrorisme" qui a participé à cette augmentation.

Durant sa campagne mondiale, Amnesty International se penchera particulièrement sur cinq pays (Mexique, Philippines, Maroc et Sahara occidental, Nigeria, Ouzbékistan) dans lesquels, selon elle, cette pratique est monnaie courante et où elle pense pouvoir obtenir des résultats non négligeables.

Une pratique déshumanisante

Lors de cette conférence de presse, le psychologue et psychothérapeute Philippe Conne, qui travaille avec des migrants en Suisse, a également rappelé qu'"un des effets de la torture est la déshumanisation et la difficulté à vivre en communauté qui s'ensuit".

Les traumatismes liés à la torture nécessitent un traitement de longue haleine et sont toujours prompts à ressurgir lors d'une quelconque crise, a-t-il également souligné.

Selon AI, la Suisse doit prévenir les risques de tortures et de maltraitances. Et donc de n'expulser aucun homme dans un pays qui pratique la torture. Ce qui n'est pas toujours le cas, comme l'a rappelé Patrick Walder en citant l'exemple des Tamouls renvoyés au Sri Lanka.

/ATS


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