Le procès de l'affaire Skander Vogt a repris mardi à Renens avec l'audition des gardiens de prison et du surveillant sous-chef. De fortes divergences sont intervenues sur les échanges d'informations durant la nuit au cours de laquelle le détenu est décédé asphyxié dans sa cellule.
Depuis l'ouverture du procès, la Cour a interrogé les trois gardiens de prison présents durant la nuit du 10 au 11 mars 2010. Une relative unité a été constatée entre leurs déclarations, à quelques nuances près. Ils ont contesté avoir fauté.
Les gardiens ont affirmé qu'ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver Skander Vogt. La question de l'attitude de deux d'entre eux dans le couloir des cellules de haute sécurité a été rediscutée après les remarques la veille du Ministère public et de la Cour.
Ils auraient traîné les pieds et se seraient montrés désinvoltes alors qu'un début de feu était constaté, selon les critiques. "On se posait des questions sur la manière d'intervenir. Il n'y avait pas un niveau d'urgence extrême. Il y avait très peu de fumée", a expliqué un surveillant.
"A aucun moment, nous avons plaisanté", a affirmé le gardien. S'il y a eu un geste du pied qui peut faire croire à un jeu, c'est une fausse interprétation. Selon lui, il s'agissait plutôt de montrer comment il serait possible d'éteindre le feu, en chassant le papier qui devait être en train de brûler entre la grille et la porte blindée de la cellule de Skander Vogt.
"Je ne vous crois pas une seconde", a rétorqué le procureur. A ses yeux, ces éclaircissements viennent après la mise en cause et n'ont jamais été avancés auparavant par le prévenu.
Le second surveillant s'est dit "choqué" que le ministère public puisse penser qu'il était en train de "jouer" dans ce couloir alors que de la fumée sortait d'une cellule. "J'ai un profond respect des détenus", a-t-il dit.
Lors de l'interrogatoire du surveillant sous-chef, qui était chez lui de piquet la nuit du drame, des divergences sont intervenues avec les déclarations de l'agent qui s'occupait de la centrale la nuit du drame. Alors qu'ils ont échangé deux coups de fil, le cadre a affirmé qu'il n'avait plus que le souvenir d'une seule conversation téléphonique.
De plus, l'agent lui aurait dit: "le feu est maîtrisé, les fumées sont évacuées". "Depuis le début, vous dites ça", mais ce scénario ne tient pas: le gardien ne pouvait pas prononcer ces paroles puisqu'il voyait une fumée épaisse sur son écran de contrôle, s'est écrié le procureur.
Interrogé par Me Nicolas Mattenberger, avocat de la partie civile, le cadre a dit que "c'est émotionnellement très dur. J'aimerais bien, mais j'arrive pas à remettre ces choses en place".
Interrogé par la Cour sur un autre échange avec le gardien, le surveillant sous-chef a dû reconnaître qu'il affirmait le contraire de son subordonné.
Vos déclarations sont en contradiction totale" avec les déclarations de vos collègues, a averti la présidente de la Cour. Le procès dure jusqu'à la fin du mois.