Sans attendre l'accord de Kiev ou l'aval du CICR, Moscou a fini par faire entrer en Ukraine ses camions chargés de 1800 tonnes d'aide humanitaire. Kiev a vivement dénoncé une "invasion directe" de la part de la Russie, mais a souligné qu'elle n'aurait pas recours à la force.
Tous les camions du convoi d'aide humanitaire russe sont arrivés dans le bastion rebelle de Lougansk dans l'est de l'Ukraine, selon la télévision d'Etat russe.
Selon un observateur de l'OSCE sur place, Paul Picard, seuls 34 camions ont été inspectés par les gardes-frontières et les douaniers ukrainiens, les autres passant sans aucun contrôle de leur cargaison.
Alors que Moscou affirme que ses camions transportent 1800 tonnes d'aide humanitaire, les autorités ukrainiennes, évoquent, elles, des "véhicules vides".
"Dans un des (camions) KamAZ qui peut transporter 25 tonnes, nous avons trouvé 800 kilogrammes de thé. Les 33 autres camions étaient chargés au maximum de huit tonnes" d'aide, a assuré le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk.
Kiev a réagi aussitôt: "Nous considérons cela comme une invasion directe de l'Ukraine par la Russie", a condamné le chef du service ukrainien de la sécurité d'Etat (SBU), Valentin Nalivaïtchenko, dans une déclaration à la presse.
Kiev craint que ce convoi, qui se déplace en territoire rebelle en proie à des combats intenses, ne fasse l'objet d'une "provocation" qui pourrait servir de prétexte à une intervention militaire russe.
Moscou a pour sa part estimé que "toutes les garanties indispensables" avaient été données et que "l'itinéraire" prévu pour le convoi avait été "vérifié" par le CICR. Ce dernier a indiqué qu'il n'escortait pas le convoi, faute de garantie de sécurité suffisante.
Sur le plan diplomatique, le Pentagone a exigé que Moscou retire "immédiatement" son convoi humanitaire sous peine de nouvelles sanctions.La porte-parole de la diplomatie européenne a également soutenu Kiev.
Du côté de l'OTAN, le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen a estimé que cette évolution "ne peut qu'approfondir la crise" dans la région. L'OTAN a aussi constaté une augmentation alarmante du nombre de soldats et d'avions russes déployés à proximité de la frontière ukrainienne.
L'offensive des forces ukrainiennes se poursuivait dans plusieurs localités autour des fiefs des insurgés de Donetsk et Lougansk, notamment pour le contrôle de la localité stratégique d'Ilovaïsk.
Le chef de la diplomatie lituanienne en visite à Kiev a pour sa part annoncé sur son compte Twitter, que le consul honoraire de son pays à Lougansk avait été "kidnappé et tué" par les rebelles prorusses, sans préciser quand le drame est survenu.