"Trente tués et 60 blessés" ont été ramassés par la Croix-Rouge au cours des trois derniers jours dans les rues de Bangui. Un responsable de l'organisation caritative l'a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse.
Le chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Georgios Georgantas s'est dit "extrêmement préoccupé" par la dégradation de la situation dans la capitale centrafricaine, soulignant un "niveau de violences sans précédent".
"La population à Bangui et à l'ouest du pays est terrorisée par les exactions généralisées commises par des personnes en armes et des civils", a déclaré M. Georgantas. "Notre personnel qui travaille sur le terrain est choqué par le degré de violence et d’acharnement contre les civils", a-t-il dit.
Appelant les autorités centrafricaines et la force internationale a "prendre leurs responsabilités", M. Georgantas a également demandé aux populations civiles de "respecter l'emblème de la Croix-Rouge et le personnel au cours de ses activités".
Le personnel humanitaire est confronté de façon accrue à des difficultés quotidiennes, notamment lors d’évacuations médicales, a précisé le CICR.
"Quand nous passons des barrages pour évacuer des blessés, chaque fois il faut de longues et difficiles négociations pour avancer. Cela met la vie des blessés en danger et beaucoup de stress sur le personnel", a-t-il souligné.
Dans cette situation de violence généralisée, les droits fondamentaux des personnes sont violés quotidiennement dans le climat de haine qui caractérise actuellement les relations intercommunautaires, souligne l'institution.
Le bilan annoncé est a minima. A Bangui en effet, nombreuses sont les familles qui s'occupent elles-même d'enterrer leurs morts, ou ne peuvent acheminer leurs blessés jusqu'aux centres de santé à cause de l'insécurité qui règne dans certains quartiers.
En raison du couvre-feu imposé à partir de 18h00, les civils blessés la nuit ou en fin de journée doivent attendre le matin pour bénéficier de soins et c'est au petit matin dans Bangui que les volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine s'affairent à ramasser les corps de la nuit, signalés par leurs familles ou des riverains.