La Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, a annoncé lundi la dissolution du Parlement et des élections agendées au 2 février pour tenter de sortir d'une crise politique profonde. Elle n'a toutefois pas réussi à apaiser les quelque 140'000 manifestants déterminés à faire tomber son gouvernement.
"Mes partisans veulent plus que la dissolution", a réagi le meneur des manifestants, Suthep Thaugsuban, en position de force au moment où ses partisans ont envahi les rues de Bangkok, selon un responsable policier. Il a également annoncé la mise en place de ce qui ressemble à un gouvernement parallèle.
"A partir de maintenant, nous allons sélectionner le Premier ministre du peuple, mettre en place le gouvernement du peuple et une assemblée du peuple qui remplacera le Parlement", avant des élections dans "huit, douze ou quinze mois", a-t-il encore ajouté.
Dans les rangs de ce mouvement hétéroclite, des bourgeois de Bangkok proches du principal parti d'opposition, le Parti démocrate, et des groupes ultra-royalistes, réunis par leur haine de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra et leur hantise de l'évolution de la société.
Le mouvement a pris de l'ampleur depuis fin novembre avec l'occupation de plusieurs ministères et administrations et jusqu'à 180'000 manifestants dans la rue. Il s'est radicalisé il y a une semaine avec des tentatives de prendre le siège du gouvernement, qui ont tourné aux affrontements entre police et manifestants.
La Première ministre a elle annoncé lundi à la télévision une dissolution du Parlement "sur la base de consultations avec diverses parties", afin de "laisser le peuple décider". Mais l'annonce de ces élections, fixées au 2 février, intervient après que la crise politique est passée à un autre niveau.
Dernier signe de l'impasse politique: les quelque 150 députés du Parti démocrate ont annoncé dimanche leur démission, jetant une ombre sur la légitimité d'un Parlement de 500 sièges où le Puea Thai de Mme Yingluck est majoritaire.
Le Puea Thai, qui est a priori donné gagnant, a de son côté annoncé que Mme Yingluck serait probablement candidate. "Elle sera numéro un sur notre liste", a précisé Jarupong Ruangsuwan, notant que la décision devait être entérinée par les cadres du parti.
La crise a repris de plus belle lundi après une trêve de quelques jours pour le 86e anniversaire du roi Bhumibol.
La colère des manifestants est partie d'un projet de loi d'amnistie qui, selon ses détracteurs, aurait permis le retour de Thaksin Shinawatra, en exil pour échapper à la prison pour malversations financières. Malgré son rejet par le Sénat, cette protestation n'a fait qu'enfler.