L'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a estimé lundi que ce serait "une marque de honte" pour l'Afrique si ses dirigeants votaient pour que leurs pays quittent la Cour pénale internationale. La CPI est contestée par l'Union africaine, qui doit examiner ses relations avec l'instance judiciaire lors d'un sommet spécial vendredi et samedi.
"Quelques dirigeants résistent (à la CPI) et la combattent", a relevé M. Annan dans un discours au Cap, mettant en garde contre l'éventualité d'un tel vote. "S'ils combattent la CPI, s'ils votent contre la CPI, ce sera une marque de honte pour chacun d'entre eux et pour leurs pays", a-t-il affirmé dans ce discours prononcé pour le 82e anniversaire de l'archevêque sud-africain Desmond Tutu.
L'ancien secrétaire général a rejeté les accusations de certains dirigeants africains selon lesquelles la CPI, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, est de parti pris et se focalise sur l'Afrique. "Je voudrais souligner que ce sont la culture de l'impunité et les individus qui sont jugés par la CPI, pas l'Afrique", a-t-il déclaré.
Source d'inquiétude
L'Union africaine (UA) accuse la CPI de ne s'en prendre qu'à des dirigeants africains. "Je sais que ce n'est pas le cas", a lancé M. Annan, qui s'est dit "inquiet" de ces attaques.
Les accusations de l'UA surviennent après diverses procédures contre des leaders africains, notamment la condamnation à 50 ans de prison en septembre de l'ex-président libérien Charles Taylor pour crimes contre l'humanité, le procès en cours depuis septembre - pour les mêmes motifs - du vice-président kényan William Ruto, et celui à venir en novembre du président kényan Uhuru Kenyatta, toujours pour crimes contre l'humanité.
Quatre des dossiers africains jugés par la CPI ont été ouverts à la demande de dirigeants africains, tandis que deux autres, sur le Darfour et la Libye, ont été ouverts par le Conseil de sécurité des Nations unies, a souligné M. Annan.
L'UA a demandé à la CPI de cesser les procédures pour crimes contre l'humanité visant les dirigeants du Kenya, dont les députés ont voté le mois dernier une motion réclamant le retrait du pays de la juridiction de la cour.