Les pourparlers de paix portés à bout de bras par le secrétaire d'Etat américain John Kerry apparaissaient mardi soir au bord de l'effondrement. Face à la relance de la colonisation israélienne et au contentieux sur les prisonniers, les Palestiniens ont décidé de reprendre la voie de l'ONU.
Cette brutale détérioration du climat a conduit John Kerry, attendu mercredi à Ramallah, en Cisjordanie, à annuler sa visite. Il avait quitté Israël dans la matinée après deux rencontres avec le premier ministre Benjamin Netanyahu.
"Nous exhortons les deux parties à faire preuve de retenue", a déclaré M. Kerry après une réunion avec ses homologues des pays de l'OTAN à Bruxelles.
La direction palestinienne a demandé à adhérer à 15 agences de l'ONU et traités internationaux, tandis que le gouvernement israélien a lancé un nouvel appel d'offres pour plus de 700 logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et annexée.
Mahmoud Abbas a signé mardi une dizaine de conventions internationales alors qu'il avait promis de ne chercher aucune adhésion à des organisations internationales pendant la période de négociations avec Israël sous médiation américaine.
Le président palestinien a expliqué son geste par le retard mis par les autorités israéliennes à libérer un nouveau groupe de prisonniers palestiniens.
"Nous ne faisons pas cela contre les Américains, mais nous ne voyons pas d'autres moyens d'aller de l'avant", a dit Abbas avant de signer une série de documents dont 15 conventions d'organisations internationales ou onusiennes. Le détail de ces conventions n'a pas été fourni.
Lundi soir, la direction palestinienne avait exigé des assurances de M. Kerry sur la libération par Israël d'un dernier groupe de prisonniers, qui était prévue le 29 mars, sous peine de relancer ses démarches à l'ONU.
Un accord conclu sous l'égide du chef de la diplomatie américaine a permis la reprise en juillet pour neuf mois des négociations de paix, un délai arrivant à échéance le 29 avril.
En vertu de cet accord, la direction palestinienne a suspendu jusqu'à la fin des pourparlers toute démarche d'adhésion aux quelque 63 organisations et conventions internationales auxquelles le statut d'Etat observateur obtenu en novembre 2012 à l'ONU lui donne accès.
En contrepartie, Israël s'engageait à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant les accords d'Oslo de 1993, dont les trois premiers groupes ont été relâchés.