L'Allemagne s'est engagée dans une offensive diplomatique à la suite des révélations sur la surveillance présumée du portable d'Angela Merkel par Washington. Une délégation allemande se rend la semaine prochaine aux Etats-Unis pour obtenir des explications et un projet de résolution est prévu à l'ONU.
Ce texte sur la protection des libertés individuelles est préparé conjointement avec le Brésil, selon des diplomates onusiens. Une ébauche de résolution devrait être soumise vendredi à la Commission des droits de l'homme de l'assemblée générale des Nations unies. La Suisse a participé à une séance d'information sur ce projet.
Un porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé à l'ats une information en ce sens d'un magazine américain. Berne est généralement favorable à ce que l'ONU se saisisse de ce thème, mais le contenu du texte fait encore l'objet de consultations, a-t-il précisé.
La délégation allemande comprendra des membres des services secrets, selon la presse, qui cite des sources proches des services de renseignements. Le chef des services secrets (BND), Gerhard Schindler, devrait être du voyage, tout comme le chef de la chancellerie et chargé du renseignement, Ronald Pofalla.
"Ça ne va pas du tout"
"L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout", avait affirmé Mme Merkel lors du sommet des dirigeants de l'UE en fin de semaine à Bruxelles. L'affaire a été évoquée au cours d'un entretien avec François Hollande. Les deux dirigeants ont souligné "le caractère inacceptable" des écoutes américaines.
La colère allemande sera encore alimentée par de nouvelles informations de l'hebdomadaire "Der Spiegel": selon des documents de la NSA dont le magazine dit disposer, la chancelière est sur une liste d'écoutes depuis 2002 et l'était encore quelques semaines avant la visite de M. Obama à Berlin, en juin.
Dans un document cité par le magazine, la NSA dit disposer d'une "antenne d'espionnage non recensée légalement" au sein de l'ambassade américaine à Berlin. Citant un document secret datant de 2010, "Der Spiegel" ajoute que de telles antennes existent dans environ 80 endroits à travers le monde, notamment à Paris, Madrid, Rome, Prague, Francfort et Genève.