Le président américain Barack Obama doit arriver jeudi au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg chez son plus farouche adversaire à une intervention militaire en Syrie, Vladimir Poutine. La Russie laisse en effet planer la menace d'une escalade dans la région.
Les dirigeants des pays les plus puissants du monde se réunissent jeudi et vendredi dans la ville natale de M. Poutine. L'ombre de la Syrie va y dominer, éclipsant les habituels sujets économiques du G20.
Le sommet permettra aux différents camps de se compter. Plusieurs réunions bilatérales entre partisans d'une action armée sont prévues, alors qu'approche la date du 9 septembre, jour de rentrée pour les parlementaires américains qui doivent se prononcer sur une intervention militaire.
Hollande et Erdogan
Barack Obama rencontrera notamment le président français François Hollande, un des plus chauds partisans d'une action militaire. Ce dernier doit de son côte parler en tête à tête avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, favorable à une intervention, après le tollé provoqué par les accusations portées contre Damas, suspecté d'avoir tué des centaines de civils avec des armes chimiques.
Mercredi en Suède, M. Obama a affirmé que c'était au monde de faire respecter la "ligne rouge" interdisant le recours aux armes chimiques. Il a appelé ses partenaires à ne pas rester silencieux face à la "barbarie".
A Washington, la commission des Affaires étrangères du Sénat a approuvé de justesse - par dix voix contre sept - une résolution autorisant M. Obama à déclencher une intervention "limitée" contre le régime du président syrien Bachar al-Assad. Cette résolution limite sa durée maximale à 60 jours avec la possibilité de la prolonger à 90 jours. Elle exclut l'engagement de troupes au sol.
Agression
Vladimir Poutine a lui mis en garde mercredi le Congrès américain contre l'approbation de frappes en Syrie. Elles constitueraient une "agression" si elles avaient lieu "en dehors du cadre des Nations unies", où plusieurs pays, Russie ou encore Chine, posent leur veto à toute intervention.
Il a toutefois également affirmé que la Russie pourrait soutenir une opération américaine si des preuves de l'attaque chimique lui étaient fournies. Le bilan très élevé de l'attaque -- 1429 morts selon Washington -- pourrait être dû à une "erreur" de dosage, selon les services secrets allemands cités par Der Spiegel, qui disculpent la rébellion syrienne.
Dans le même temps, une source militaire russe a agité la menace d'une escalade militaire dans la région. Elle a affirmé mercredi que les navires de guerre russes en Méditerranée étaient "capables de réagir".
"Nous sommes déjà prêts à résoudre les problèmes qui pourraient apparaître. Pour cela, il va bientôt y avoir des changements au sein du groupe (de navires) pour mieux répondre à l'évolution des événements", a ajouté cette source à l'agence Interfax, sans autre précision.
Nucléaire
La Russie a aussi agité l'épouvantail nucléaire, le ministère des Affaires étrangères mettant en garde mercredi soir contre d'éventuelles conséquences "catastrophiques" en cas d'erreur de tir.
"La chute d'un projectile militaire sur le mini-réacteur situé dans la banlieue de Damas pourrait avoir des conséquences catastrophiques", selon un communiqué du porte-parole du ministère Alexandre Loukachevitch.
"Le Moyen-Orient est un baril de poudre, et le feu s'en approche aujourd'hui (...) Tout le monde perdra le contrôle de la situation lorsque le baril de poudre explosera", avait affirmé lundi le président Bachar al-Assad.