Le président italien Giorgio Napolitano ne prononcera la dissolution du Parlement italien que s'il n'est pas possible de trouver une majorité dans l'actuelle législature. La presse italienne partageait dimanche le jugement sans appel du Premier ministre Enrico Letta sur les agissements de Silvio Berlusconi et de ses ministres qui ont démissionné en bloc samedi.
Le chef de l'Etat doit rencontrer dans la journée Enrico Letta, qu'il a imposé en avril dernier à la tête d'un gouvernement de large entente pour sortir l'Italie de l'impasse politique née des élections législatives de février.
"Il est de tradition pour le président de dissoudre le parlement de manière anticipée lorsqu'il n'est pas possible de former une majorité et un gouvernement pour le bien du pays", a-t-il dit à la presse, sous-entendant qu'une majorité pourrait se dessiner dans l'actuelle législature avant d'arriver à cette extrémité.
"Geste fou"
Les éditorialistes de la presse italienne ne trouvaient guère d'excuses au Cavaliere pour cette énième crise qui survient dans un moment délicat pour l'Italie. "Le condamné fait couler l'Italie", titrait dimanche le quotidien "Il Fatto Quotidiano", journal de la gauche depuis toujours très critique à l'égard de Silvio Berlusconi.
"Le Cavaliere renverse le jeu", affirmait pour sa part "La Repubblica", tandis que le "Corriere della Sera" (centre droit) parlait "du coup d'épaule de Berlusconi qui enclenche la crise".
"Modérés, où êtes-vous ?", s'interrogeait dans un éditorial le grand quotidien milanais. Il estime que si la crise s'approfondissait, les difficultés économiques seraient plus difficiles à affronter et les réformes de fond plus ardues à accomplir.
"Basta, pensez au pays!"
Eugenio Scalfari, fondateur de "La Repubblica", compare Berlusconi non seulement à "un caïman" - comme dans le film éponyme de Nanni Moretti - mais évoquait aussi le personnage de Mackie Messer, le célèbre bandit charmeur et cynique de l'Opéra de Quatre sous de Bertolt Brecht: "Mackie Messer a un couteau, mais on ne le voit pas".
"La Stampa" (centre droit) et le journal des milieux d'affaires "Il Sole 24 Ore" insistaient, eux, sur "la folie" de la démarche du Cavaliere. Mario Calabresi, directeur de "La Stampa", suppliait la classe politique: "Maintenant, basta, pensez au pays !"