Phénomène de l'édition française, l'écrivain Gérard de Villiers est décédé jeudi à Paris à 83 ans. Il venait tout juste de publier son 200e SAS, célèbre série de sulfureux romans d'espionnage écoulés à des dizaines de millions d'exemplaires.
"Le Prince Malko Linge est orphelin: l'écrivain Gérard de Villiers est décédé hier à Paris à 83 ans des suites d'une longue maladie", a annoncé vendredi dans un tweet son avocat Eric Morain.
"C'est exactement la mort qu'il ne voulait pas", a déclaré son épouse Christine de Villiers. Elle a précisé qu'on lui avait diagnostiqué en mai un cancer du pancréas avec des métastases au foie et qu'"il n'avait pas supporté la chimiothérapie".
Diminué physiquement par un très grave accident cardiaque en décembre 2010, Gérard de Villiers n'avait pas hésité, en février dernier, à se rendre avec un déambulateur en Afghanistan.
Ce pays était le théâtre des 198e et 199e opus de la série portant le titre de son héros, Son Altesse Sérénissime (SAS), le prince Malko Linge, aristocrate autrichien désargenté et agent contractuel de la CIA.
L'écrivain baroudeur a arpenté au total 130 pays pour y situer ses romans. Après ses voyages, il s'installait pour un mois derrière sa machine à écrire datant de 1976, dans son bureau décoré de fusils d'assaut AK-47 et de photos érotiques ou de lui-même, posant avec des seigneurs de guerre africains.
Avec quatre SAS publiés par an, Gérard de Villiers assurait ignorer le nombre exact de livres vendus depuis 1965 et la publication de "SAS à Istanbul", le premier de la série, il y a près d'un demi siècle: "Sans doute entre 120 et 150 millions tous pays confondus", avançait-il en mars dernier lors d'un entretien dans le salon de son immense appartement, à deux pas de l'Arc de Triomphe.
A chaque livre, la même recette: une grande dose de géopolitique et d'exotisme, quelques scènes de sexe hard, un zeste de violence et de torture, avec en couverture la photo d'une jeune femme à la poitrine avantageuse, portant un pistolet ou un fusil d'assaut.