Le recteur de l'université de Liège, en Belgique, a décidé lundi la "suspension" des "baptêmes estudiantins", à la suite de nouveaux incidents deux semaines après qu'une étudiante française a frôlé la mort lors d'un bizutage. En Belgique, les "baptêmes" demeurent une tradition dans les universités.
"J'ai décidé (...) d'intervenir, suite aux événements récents, en décrétant un moratoire sur les activités de 'baptême' pour les étudiants inscrits à Liège avec, pour conséquence, la suspension de ces activités jusqu'à ce qu'une concertation ait eu lieu", a déclaré Bernard Rentier dans une lettre à l'ensemble de la communauté de son université.
Le recteur a rappelé le cas de l'étudiante française, originaire de Saint-Etienne, victime le 22 septembre d'un oedème cérébral causé par l'absorption rapide de plusieurs litres d'eau lors d'une activité préparant le "baptême".
La jeune fille, qui a "frôlé la mort" selon M. Rentier, est sortie du coma après deux jours, mais l'affaire a relancé la polémique sur ces pratiques en Belgique et fait scandale en France, où les bizutages sont interdits depuis 1998.
Charte d'encadrement
Un étudiant de la faculté d'agronomie du campus de Gembloux, au sud de Bruxelles, a été victime d'"hypothermie" et "deux autres incidents se sont révélés plus bénins" au cours des deux dernières semaines, a révélé lundi le recteur.
En Belgique, les "baptêmes" sont théoriquement encadrés par des "chartes" liant organisateurs et autorités universitaires, mais "ces engagements n'ont pas été respectés", a estimé M. Rentier.
Il a souligné que "la pression pour bannir purement et simplement les 'baptêmes' grandit constamment", même si les autorités compétentes à Bruxelles et en Wallonie ont exclu la semaine dernière une telle mesure, jugeant l'arsenal juridique suffisant pour éviter les dérapages.
"La tradition des baptêmes implique malheureusement souvent des parodies de scènes de domination et d'humiliation extrêmement mal perçues par le public", a souligné le recteur. "Si l'on veut sauver le folklore estudiantin, il est indispensable de réfléchir à la façon d'éliminer les pratiques inacceptables qui perdurent", a-t-il dit. Il a demandé aux associations d'étudiants d'approuver "sans réserve" le moratoire et de "participer à l'effort pour assainir cette situation".