L'armée thaïlandaise a décrété mardi la loi martiale et déployé des soldats dans Bangkok afin de rétablir le calme. Les militaires assurent qu'ils n'ont pas déposé le gouvernement, mais certains redoutent un coup d'Etat "de facto".
"Déclarer la loi martiale n'est pas un coup d'Etat" mais vise "à restaurer la paix et l'ordre public", a assuré l'armée dans une annonce faite au petit matin à la télévision. Le puissant chef de l'armée de terre thaïlandaise, le général Prayut Chan-O-Cha, a invité les rivaux politiques à "discuter".
Des soldats et véhicules militaires ont été déployés dans le centre de Bangkok, notamment dans le secteur des hôtels et chaînes de télévision. L'armée a aussi placé des dizaines d'hommes, des véhicules et installé des points de contrôle à proximité d'une manifestation des Chemises rouges, progouvernementales.
"Nous restons sur notre site. Nos positions restent inchangées", a déclaré le meneur des Chemises rouges Jatuporn Prompan. Il a répété que son mouvement n'accepterait pas un coup d'Etat, mais estimé qu'il ne s'agissait "pas encore" d'un putsch.
L'armée a aussi décrété la censure des médias pour préserver la "sécurité nationale". Elle a privé d'antenne dix chaînes, au motif qu'elles risquent de "déformer l'information" et d'"aggraver le conflit". "Nous assistons à un prélude de coup d'Etat", a analysé Pavin Chachavalpongpun, de l'université de Kyoto.
Le meneur des manifestants antigouvernementaux a promis de continuer la bataille visant à faire chuter le gouvernement. "L'annonce de la loi martiale n'a pas d'effet, pas plus qu'elle n'est un obstacle, en ce qui concerne notre combat", a déclaré Suthep Thaugsuban devant ses partisans, non loin du siège du gouvernement.
L'opposition assure être dans la dernière ligne droite contre le gouvernement intérimaire. Elle a obtenu la destitution de la Première ministre Yingluck Shinawatra,qu'elle accusait d'être la marionnette de son frère Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006.
La Thaïlande est secouée depuis six mois par des troubles politiques entre partisans et opposants au pouvoir. Les heurts ont déjà fait 28 morts.