L'armée irakienne poursuivait lundi son offensive sur Tikrit pour tenter d'en déloger les jihadistes sunnites, menés par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Forts de leurs succès, ceux-ci ont proclamé la veille la restauration d'un califat englobant les territoires qu'ils contrôlent en Syrie et en Irak.
Aidées par des milices chiites, les forces irakiennes sont parvenues à stopper l'EIIL à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad. Elles ont toutefois été incapables de reprendre des villes. L'organisation et à ses alliés sunnites se sont emparés d'une grande partie du nord-ouest de l'Irak.
C'est notamment le cas de Tikrit, ancien fief de Saddam Hussein à 160 km au nord de la capitale, sur laquelle l'armée concentre ses efforts depuis plusieurs jours. Des hélicoptères ont bombardé des positions de l'EIIL au cours de la nuit et une bataille faisait rage lundi dans les faubourgs sud de la ville, ont rapporté des habitants.
Le califat ou "Etat islamique" abolirait les frontières tracées par les accords franco-britanniques de Sykes-Picot en 1916 sur le démantèlement de l'Empire ottoman. La proclamation du califat est considérée comme un défi lancé aux autorités irakiennes, qui en appellent ouvertement maintenant à la communauté internationale.
"Cette proclamation est un message adressé (...) au monde entier. Un message signifiant que l'Etat islamique est devenu une menace pour tous les pays", a déclaré le porte-parole de l'armée irakienne, Kassim Atta.
Les Etats-Unis ont déployé des conseillers militaires à Bagdad et font voler des appareils armés et non-armés dans l'espace aérien irakien. Mais ils ne prennent pas part directement aux combats.
La Russie a envoyé, elle, ses premiers avions militaires en Irak, honorant une commande de cinq avions de chasse Sukhoi Su-25 de seconde main.
L'EIIL, qui s'est rebaptisé simplement Etat islamique (EI), conteste désormais à al-Qaïda le statut d'autorité morale des jihadistes à travers le monde. L'affirmation de cette ambition est toutefois risquée.
L'EI pourrait ainsi perdre des alliés, notamment les groupes sunnites moins radicaux et les nostalgiques de l'ancien régime baassiste, pense Fawaz Gerges, de la London School of Economics.