Le gouvernement américain et le Congrès se sont brutalement accrochés mercredi à propos de la stratégie de Washington contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Un diplomate a admis que l'entraînement de rebelles syriens ne débuterait qu'en mars 2015.
"Après quatre mois de campagne conduite par les Etats-Unis en Syrie et en Irak, l'EI contrôle pour l'essentiel le même territoire que cet été", a déploré le président républicain de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ed Royce. "L'une des raisons, selon moi, est la nature limitée de cet effort" militaire, a-t-il souligné.
M. Royce et ses pairs recevaient en audition Brett McGurk, émissaire spécial du gouvernement américain pour l'Irak.
M. Royce a comparé les quelque 1100 frappes de la coalition menée par les Etats-Unis contre le groupe EI aux "milliers de sorties (aériennes) par jour" lors de la première Guerre du Golfe en 1991, après l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein. Le représentant républicain a fustigé une "réponse minimale" contre les djihadistes ultra-radicaux sunnites.
Quant à la Syrie, la stratégie du président Barack Obama de former, d'armer et d'entraîner des groupes rebelles modérés est lente et inadéquate, a jugé M. Royce. "Ces groupes syriens manquent de munitions, ne reçoivent pas d'armes lourdes (...) et sont bombardés 30 à 40 fois par jour par le régime Assad tout en essayant de combattre l'EI", a tonné le parlementaire républicain.
M. McGurk a défendu la stratégie de son gouvernement, annonçant que l'entraînement de 5000 rebelles syriens modérés commencerait en mars. Il a précisé que ce programme de formation des premiers 5000 combattants prendrait "un an", soit jusqu'en mars 2016.
"Mais qu'est-ce que nous faisons en Syrie à l'heure actuelle? Des gens meurent et la cavalerie ne viendra pas avant 2016, c'est ça?", s'est insurgé un autre parlementaire, Ted Poe. "Les Etats-Unis ont-ils une stratégie alternative, autre chose que d'armer ces types qui ne sortiront pas avant 2016?", a insisté l'élu républicain.
"Oui", a répliqué le diplomate McGurk: "Le programme de formation et d'équipement est un petit élément d'une campagne globale et pluriannuelle. La première phase est l'Irak. En Syrie, nous réduisons les capacités de l'EI."