La justice espagnole a envoyé mardi en prison préventive le pédophile gracié par erreur au Maroc et arrêté lundi en Espagne. Elle se prononcera ces prochaines semaines sur une éventuelle extradition réclamée par les magistrats marocains.
Daniel Galvan avait été condamné en 2011 au Maroc à 30 ans de prison pour des viols sur onze mineurs âgés de 4 à 15 ans. Le 30 juillet, le roi du Maroc accorde sa grâce à 48 prisonniers espagnols, dont Daniel Galvan. La mesure fait suite à une visite en juillet du roi d'Espagne Juan Carlos, interlocuteur privilégié de Mohammed VI.
Mais la mesure de clémence touchant Daniel Galvan crée le scandale dans le royaume, déclenchant des manifestations de colère populaire. Dimanche, le roi Mohammed VI annule la grâce, puis le Maroc lance un mandat d'arrêt international et réclame l'extradition du pédophile, qui a gagné l'Espagne.
L'homme est arrêté dans un hôtel de Murcie dans le sud-est de l'Espagne. Remis mardi à la justice espagnole, il a été placé en détention préventive, le juge invoquant un "risque de fuite" et estimant qu'il "ne dispose pas en Espagne d'un minimum d'enracinement familial, social, économique ou professionnel".
Détails sur sa personnalité
Son nom, selon une source proche du dossier à Madrid, figurait en fait sur une liste de 30 prisonniers dont le gouvernement espagnol avait demandé le transfert vers des prisons espagnoles, mais pas la grâce.
Selon l'arrêt rendu par le juge Fernando Andreu, du tribunal de l'Audience nationale à Madrid, Daniel Galvan est originaire d'Irak, pays où il est né, puis "a acquis la nationalité espagnole par son mariage avec une femme espagnole, dont il est aujourd'hui divorcé".
Un cas de figure
Cette affaire constitue pour la justice espagnole un cas de figure "assez étrange", a souligné une source judiciaire. En effet, la convention d'extradition entre l'Espagne et le Maroc prévoit que chacun de ces pays ne peut extrader ses ressortissants vers l'autre.
L'annulation d'une grâce est de surcroît une situation atypique en Espagne, puisque dans ce pays le gouvernement ne peut décider d'une telle mesure. L'Audience nationale devra se pencher sur ces différentes questions dans les semaines qui viennent, avant qu'un collège de trois juges ne se prononce sur la demande marocaine.