Nouvelle manifestation d'envergure à Hong Kong

Des dizaines de milliers de manifestants pro-démocratie se sont réunis samedi soir dans le centre de Hong Kong pour dénoncer les violences commises à leur encontre. De leur côté, les autorités locales ont démenti s'être servies de la mafia chinoise pour disperser les protestataires.

Des foules immenses se sont pressées dans le quartier d'Admiralty, près du siège du pouvoir de l'ancienne colonie britannique. Elles protestent contre les heurts survenus la veille entre protestataires et habitants excédés, auxquels se sont mêlés militants pro-Pékin et hommes de main des triades.

"Paix! Anti-violence!", scandaient les manifestants. "On peut voir que les gens sont calmes, ce n'est pas comme dans les autres pays où ils incendient et détruisent les voitures", a remarqué un manifestant de 36 ans.

Mais nombre de protestataires étaient très remontés contre ce qu'ils perçoivent comme la passivité de la police lors des heurts. Ils la comparent avec la répression policière du 28 septembre, le jour où la campagne de désobéissance civile qui couvait depuis des semaines pour réclamer davantage de libertés démocratiques s'est brutalement accélérée.

Des arrestations

La situation est restée tendue toute la journée sur les trois sites occupés par les manifestants. La veille, des affrontements avaient fait une dizaine de blessés tandis que la police a annoncé l'arrestation de 19 personnes, dont huit individus soupçonnés de liens avec les triades, la mafia chinoise.

Les autorités ont démenti toute collusion avec ces groupes mafieux qui sévissent traditionnellement dans le trafic de stupéfiants, la prostitution, les tripots et l'extorsion, mais qui, à Hong Kong, investissent de plus en plus dans l'immobilier ou la finance.

Il s'agit "d'accusations fabriquées de toutes pièces et très excessives", a lancé avec colère le ministre de la Sécurité Lai Tung-kwok. Des députés pro-démocratie avaient accusé le pouvoir de s'être servi de ces malfaiteurs pour tenter de disperser les manifestants.

Amnesty condamne

Amnesty International a également condamné la passivité des forces de police, accusées "d'avoir regardé faire" alors que les manifestants, souvent jeunes et désarmés, subissaient les assauts d'une foule hostile et des raids foudroyants d'hommes masqués.

De nombreux cas d'agressions sexuelles dans cette ville considérée d'ordinaire comme l'une des plus sûres du monde, ont été signalés. Le club des correspondants étrangers de Hong Kong (FCC) a fait état d'agressions contre cinq journalistes.

Hong Kong, ancienne colonie britannique, traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Si la Chine a accepté d'instaurer le suffrage universel lors de la prochaine élection du chef de l'exécutif en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures, une proposition inacceptable pour les manifestants.

Renoncement au dialogue

En réaction aux violences, les étudiants, fer de lance du mouvement, ont renoncé au dialogue proposé par le gouvernement pour tenter de désamorcer la crise.

Les manifestants occupent depuis une semaine plusieurs sites stratégiques dans les quartiers administratifs, financiers et commerçants de Hong Kong. Ils bloquent également des routes et de grandes artères vitales pour cette ville de sept millions d'habitants réputée être un havre du capitalisme financier. L'activité économique et le transport sont fortement affectés.

Manifestation à Berne

La Chine, qui craint la contagion démocratique, a durci sa censure contre les réseaux sociaux. Des dizaines de militants ont été arrêtés ces derniers jours pour avoir soutenu les manifestants de Hong Kong, selon des associations de défense des droits de l'Homme.

En Suisse, à Berne, environ 100 personnes ont participé sur l'Helvetiaplatz à une manifestation de solidarité aux protestataires de Hong Kong, a constaté l'ats. La plupart des participants étaient des Hongkongais habitant en Suisse.

/ATS


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