Blanchiment d'argent: un réseau "hors norme" démantelé en France

Un des plus importants réseaux internationaux de blanchiment de l'argent de la drogue entre la France, la Belgique, l'Inde et Dubaï a été démantelé les 8 et 10 mars, a annoncé jeudi le procureur de Paris. Treize personnes ont interpellées en France et en Belgique.

"C'est une affaire hors norme", a souligné le magistrat. Il a rappelé que le trafic de cannabis représentait un marché de trois milliards d'euros chaque année en France.

Pas moins de 170 millions d'euros ont été écoulés dans une période récente par une armée de porteurs de sacs d'espèces, de bijoux ou d'or agissant pour le compte d'un "banquier" marocain, a précisé le procureur.

L'opération, appelée "Rétrovirus", fait suite à une autre du même type, baptisée "Virus", menée en octobre 2012 et qui blanchissait "l'argent sale" auprès de fraudeurs du fisc.

Filière indienne

Privés du réseau "Virus", les trafiquants marocains ont fait appel à une nouvelle filière dirigée en France par un ressortissant indien aussi discret qu'efficace.

"Au Maroc, il y a une bourse aux blanchisseurs et celui qui a le cours le plus bas remporte le marché", a expliqué le chef de l'Office central de répression de la délinquance financière (OCGRDF).

Des "collecteurs" se chargeaient de récupérer l'argent liquide provenant du trafic de cannabis dans les cités de la banlieue parisienne pour le remettre à un "collecteur en chef".

"L'argent sale" était acheminé à Anvers, en Belgique, où un autre intermédiaire le changeait contre de l'or non poinçonné qui était ensuite transporté à Dubaï, parfois dans du café moulu, où il était transformé en bijoux.

Dubaï, plaque tournante du blanchiment

Des "cohortes d'intermédiaires indiens" portaient ensuite bagues, colliers et bracelets sur eux pour les rapatrier à flux continu à Madras, en Inde, via Hong Kong ou la Malaisie.

Sur place, les bijoux étaient retransformés en lingots, une partie alimentant le marché noir en Inde, car les autorités ont décidé de taxer l'or pour en limiter l'importation et soutenir leur monnaie, a souligné le chef de l'OCGRDF.

Une autre partie de l'argent sale était acheminée en liquide à Dubaï et écoulée dans des bureaux de change contrôlés par des Marocains. "Cette affaire met en exergue le rôle de Dubaï, qui devient de plus en plus une plaque tournante du blanchiment", a expliqué le policier.

/ATS


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