Silvio Berlusconi, piégé une nouvelle fois par son attirance pour les jeunes femmes, a été condamné lundi par le tribunal de Milan à sept ans de prison dans l'affaire du "Rubygate", à l'issue d'une procédure judiciaire de plus de deux ans. Il a aussi été condamné à une peine d'inéligibilité à vie.
Mais cette double peine ne sera effective qu'une fois les possibilités d'appel épuisées. L'ancien président du Conseil italien était poursuivi pour incitation à la prostitution de mineure et pour abus de pouvoir. Le tribunal de Milan constitué de trois juges, toutes des femmes, l'a reconnu coupable dans les deux volets de l'affaire.
M. Berlusconi, âgé de 76 ans, était accusé d'avoir rémunéré une dizaine de prestations sexuelles de Karima El Mahroug, mineure à l'époque, qui se faisait appeler "Ruby la voleuse de coeurs" entre février et mai 2010. Il était également accusé d'avoir fait pression sur la préfecture de Milan dans la nuit du 27 au 28 mai 2010 pour faire libérer Ruby qui avait été interpellée pour un larcin.
Les trois magistrates qui jugeaient M. Berlusconi depuis l'ouverture du procès en avril 2011 ont aussi décidé la transmission des actes de procédure au parquet, en lui demandant d'enquêter sur de possibles fausses déclarations faites par certains témoins pendant le procès.
Sept heures de délibérations
Au terme de près de sept heures de délibérations, la juge Turri a souligné que M. Berlusconi a été condamné pour "abus de pouvoir sous la contrainte", durcissant sensiblement la peine requise par le parquet qui avait demandé "une peine de base" de cinq ans pour abus de pouvoir et une année de plus pour prostitution de mineure.
Au total, une dizaine de manifestants a applaudi la condamnation avec des cris de joie.
L'ancien président du Conseil italien a aussitôt fustigé "un verdict violent" et déclaré qu'il "résisterait à la persécution", dans une déclaration écrite. Il a interjeté appel contre la décision en première instance du tribunal de Milan.
"J'étais vraiment convaincu qu'ils m'acquitteraient, parce que, dans les faits, il n'y a aucune possibilité de me condamner", a-t-il ajouté. "Une sentence incroyable a été émise, d'une violence jamais vue auparavant, en vue de m'éliminer de la vie politique de ce pays", a-t-il poursuivi.
La fameuse villa d'Arcore
Tous ces faits auraient eu lieu alors que M. Berlusconi était encore chef du gouvernement, dans le cadre de soirées organisées dans sa villa d'Arcore, près de Milan. L'interdiction à vie de tout mandat public sonne comme une humiliation suprême pour un homme qui a été et voulu être le personnage clé de la vie politique italienne des 20 dernières années.