L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde quand elle était ministre française de l'économie a été inculpé mercredi dans l'enquête sur un arbitrage controversé rendu en 2008. Un épisode qui fragilise un peu plus la position de la patronne du FMI.
Stéphane Richard, actuel patron du groupe français de télécommunications Orange, a été mis en examen (inculpé) pour "escroquerie en bande organisée", une accusation passible de dix ans de prison et d'un million d'euros d'amende.
Il a décidé de déposer un recours contre sa mise en examen dont l'intitulé "est infamant et grotesque", a indiqué son avocat Me Jean-Etienne Giamarchi.
Dans la soirée, une autre inculpation a été prononcée, celle de Jean-François Rocchi, qui était à l'époque de l'arbitrage contesté le président du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais.
Jean-François Rocchi a été inculpé pour "escroquerie en bande organisée" et "usage abusif de pouvoirs sociaux".
Contestation
"Nous considérons que cette décision de mise en examen est non seulement injustifiée mais choquante", a déclaré l'avocat de M. Rocchi, Me Jean-Alain Michel. "Il paye le fait qu'il a suivi les instructions qui lui ont été données. Je trouve ça tout a fait anormal", a ajouté l'avocat.
Ces nouveaux développements interviennent après l'audition fin mai de Christine Lagarde, l'actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui a été placée dans cette même affaire sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre ceux de témoin et d'inculpé.
Fin mai, le conseil d'administration du FMI a "réaffirmé sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions".
Orange
Mme Lagarde avait succédé en 2011 à un autre Français, Dominique Strauss-Kahn, emporté par le scandale provoqué par des accusations d'agression sexuelle.
Après l'inculpation de Stéphane Richard, le conseil d'administration de l'opérateur Orange, dont l'Etat est le principal actionnaire, se réunira "dans les prochains jours" pour "faire le point" et "décider des conséquences à tirer" de cette mise en examen, a-t-on indiqué dans l'entourage du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
La justice enquête sur l'arbitrage contesté rendu par un tribunal privé entre l'homme d'affaires Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, la banque française alors sous la tutelle de l'Etat, qui avait accordé à M. Tapie 285 millions d'euros d'indemnité (403 millions, intérêts inclus).
Les trois juges-arbitres avaient été choisis conjointement par les parties en litige. Ce litige concernait le rachat de l'équipementier sportif Adidas.
Le 29 mai, Pierre Estoup, l'un des trois juges du tribunal arbitral, a été le premier mis en examen pour "escroquerie en bande organisée", ce qui a donné un tour spectaculaire à cette affaire.