Le milliardaire russe Guennadi Timtchenko, réputé proche du président Vladimir Poutine, a réagi au quart de tour à la veille de sanctions imposées par Washington. Il a vendu l'ensemble de ses parts dans la société genevoise de négoce d'hydrocarbures Gunvor.
Sixième fortune de Russie selon le magazine "Forbes" avec quelques 15 milliards de dollars (13,3 milliards de francs), M. Timtchenko, 61 ans, a vendu la totalité de ses actions dans cette entreprise qu'il a cofondée en 2000. Il a ainsi "anticipé de potentielles sanctions économiques", a relevé la société dans un bref communiqué publié sur son site internet.
Jeudi, le Trésor américain a placé l'homme d'affaires et des proches du président Poutine sur une liste noire établie en représailles à l'absorption de la Crimée par la Russie. Le ministère américain a affirmé dans un communiqué que les activités de M. Timtchenko dans le secteur de l'énergie "sont directement liées" au président russe. Ses éventuels avoirs aux Etats-Unis sont désormais gelés.
Selon le communiqué de Gunvor, M. Timtchenko a "vendu le 19 mars" l'ensemble de ses parts à son partenaire d'affaires Torbjorn Törnqvist. Celui-ci est devenu l'actionnaire majoritaire de la société avec 87% des parts.
Gunvor précise que cette opération a permis à la société, dont les bureaux principaux sont à Genève et à Singapour et qui est enregistrée à Chypre, de pouvoir poursuivre ses opérations sans être entravée par d'éventuelles sanctions, ce qu'a confirmé une porte-parole du Trésor américain.
"Notre sentiment, c'est que la participation de M. Timtchenko dans Gunvor est inférieure au seuil de 50% qui aurait déclenché un blocage automatique" des avoirs de la société aux Etats-Unis, a indiqué cette porte-parole dans un courriel.
En détaillant ses sanctions, le Trésor américain avait par ailleurs affirmé que le président Poutine lui-même avait "des investissements" dans la société Gunvor. Or la société genevoise a catégoriquement démenti cette affirmation sur son compte Twitter.
Gunvor commercialise du brut russe. En 2012, ses revenus avaient été supérieurs à 90 milliards de dollars (79,5 millions de francs), ce qui en fait une plus importantes sociétés de négoce de matières premières dans le monde.