Standard & Poor's a lancé un coup de tonnerre vendredi en dégradant, pour la deuxième fois en moins de deux ans, la note de la France la portant à "AA". La décision est jugée injuste par le gouvernement, déjà englué dans les difficultés et en proie à des tensions sociales croissantes.
S&P a justifié sa décision d'abaisser d'un cran la note du pays, fixée depuis début 2012 à "AA+" par le fait que le pays, selon son analyse, a perdu de sa marge de manoeuvre financière et n'est pas en mesure de se réformer davantage en raison du maintien d'un chômage élevé.
Dans un communiqué, S&P explique sa décision par une analyse que "la marge de manoeuvre budgétaire de la France s'est réduite, alors (qu'il) la considérait auparavant comme élevée au regard des pays comparables".
"Notamment, il nous semble que les pouvoirs publics disposent désormais d'une marge de manoeuvre réduite pour augmenter les recettes", et donc de réduire l'endettement du pays, relève l'agence.
Standard & Poor's considère en outre que la politique économique du gouvernement n'a pas "réduit de manière significative le risque que le taux de chômage reste au-dessus de 10% jusqu'en 2016", et ajoute que "le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme".
C'est un nouveau coup dur très sévère pour le gouvernement, qui a fait de la maîtrise des finances publiques sa ligne conductrice depuis son arrivée au pouvoir l'an dernier, dans l'espoir notamment de maintenir au plus bas les taux d'intérêt des emprunts d'Etat, et donc le coût de la dette publique.
Le gouvernement, déjà englué dans les difficultés et qui fait face à une montée des tensions sociales, notamment avec la fronde anti-écotaxe en Bretagne, a aussitôt déploré cette décision.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a affirmé que l'agence n'avait "pas pris en compte toutes les réformes" menées depuis l'an dernier, notamment celle, en cours d'adoption, des retraites.