Gros actionnaire de Credit Suisse, Qatar Holding a converti les 4,5 milliards de dollars que le numéro deux bancaire helvétique lui devait en obligations convertibles. Si la situation de la banque devait se péjorer, le fonds souverain de l'émirat pourrait voir sa participation dans l'établissement s'accroître fortement.
La transaction avec Qatar Holding, rapporté par le journal dominical "Le Matin Dimanche", a été signalée par Credit Suisse à la Bourse suisse dans le cadre du devoir d'annonce jeudi passé. Les obligations convertibles, appelées aussi "cocos Bonds" pour contingent convertibles bonds, sont automatiquement converties en actions si le coeur du bilan (ratio Tier 1) de Credit Suisse tombe sous le seuil des 7% fixé par les normes de Bâle III.
La Bourse suisse a estimé jeudi à 16% la part du capital que représenterait une telle option dans le capital de Credit suisse. En cas d'exercice de ce droit, Qatar Holding disposerait donc d'une participation totale dans Credit Suisse de 21,73%, rapporte le journal dominical.
Une estimation contestée par la banque. Ce chiffre pourrait "prêter à confusion" et n'a "rien à voir avec la part effective que le Qatar pourrait posséder dans le cas fort improbable d'une conversion des cocos", a expliqué à l'ats un porte-parole de Credit Suisse, Marc Dosch.
Selon lui, le chiffre de 16% se rapporte au nombre actuel d'actions. Si les "cocos Bonds" devaient être convertis en actions, cela ne concernerait pas uniquement ceux détenus par Qatar Holding. Le capital de Credit Suisse serait donc beaucoup plus élevé et la part de Qatar Holding serait du même coup plus faible, a-t-il expliqué.
Si le scénario évoqué par la Bourse suisse devait se réaliser, Qatar Holding deviendrait du coup le plus gros actionnaire du numéro deux bancaire helvétique, devant le conglomérat saoudien Olayan Group (14,6%). Ces dernières années, les deux groupes ont souscrit à plusieurs placements privés ainsi qu'à des emprunts à conversion obligatoire.
Pour l'heure, Credit Suisse dispose de fonds propres nettement supérieurs au seuil de 7%, l'établissement ayant annoncé lors de la publication de ses résultats du 3e trimestre 2013 un ratio de capitaux propres durs selon Bâle III de 16,3% à fin septembre.